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Plan pour une régionalisation de la production dans la zone Europe Afrique

Plan pour une régionalisation de la production dans la zone Europe Afrique

Industrie Afrique Subsaharienne

Le plan pour une régionalisation de la production dans la zone Europe Afrique

En Europe et dans le reste du monde, la croissance de nombreux pays développés demeure depuis longtemps atone. L’Afrique est confrontée à un déficit de développement qui maintient des populations dans une extrême precarité. Aussi à la faveur de la crise, peut-être pourraient-ils ensemble repenser leur avenir. Les plans de relance de l’UE prônent une Europe numérique et écologique mais cela ne permettra pas d’enrayer son déclin. Aussi faut-il organiser dans la zone Europe Afrique, une régionalisation des chaînes de valeur mondiales (CVM) et des échanges en tranférant notamment de la Chine à l'Afrique, une part de la fabrication de nos biens de consommation. Ce transfert plus près du consommateur, d’opérations de production aujourd’hui réalisées en Chine, procurerait à des pays souvent occidentaux dont la France, un fort relais de croissance et générerait à terme, beaucoup d’emploi et un recul de la pauvreté dans la région.  Francis Journot le 03/07/2020

Le seul plan depuis 60 ans, à la fois clair, concret et volontaire d'industrialisation de l’Afrique subsaharienne 

Maintenant, le gouvernement français et les institutions africaines, européennes ou internationales connaissent depuis 2 ans 1/2 le plan de régionalisation de chaines de valeur mondiales en UE-Afrique ou programme Africa Atlantic Axis (AAA) et on se félicite de l’influence de celui-ci sur leurs thèmes de communication et le contenu de leurs publications. Ainsi, le sujet l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne est aujourd’hui davantage traité mais on peut regretter un suivisme idéologique qui va à l’encontre du développement industriel d’une région du monde rongée par la misère. En 6 décennies, notre plan est le premier projet d’envergure, transparent et pragmatique. Les organisations internationales dont l’UE pourraient, face à leur échec et à l’accélération de l’appauvrissement de l’Afrique subsaharienne, changer de politique et accepter de participer au financement des infrastructures de notre projet. Le coût dispensé au rythme du développement, s’avérerait insignifiant au regard des enjeux humains mais aussi géostratégiques et géopolitiques. 01/2023

 

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La France connaît la désindustrialisation et une fin de cycle industriel mais l'industrialisation de l’Afrique subsaharienne pourrait lui procurer de la croissance  

Friche industrielleLa réindustrialisation de la France est peu probable mais figurait cependant dans tous les programmes présidentiels en 2022. Des personnalités politiques convoquent notre nostalgie de l’industrie des 30 années glorieuses mais nous avons atteint le point de non-retour dans de nombreux secteurs industriels. D’autre part, la hausse constante du prix de l’énergie qui impacte déjà de nombreuses entreprises industrielles, remet en question des projets de robotisation de production.

Après les cycles primaire et secondaire, le tertiaire s’est imposé. Les économies avancées ont généralement suivi le même cheminement agricole, industriel puis des services. L’économie quaternaire ou numérique doit s’appuyer sur des niveaux forts de développement économique. Elle se nourrit, à l’instar des services, d’interdépendances et d’interactions avec les 2 premiers secteurs.

Les pays les moins développés ne peuvent donc enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés connaissent un effet cliquet qui leur interdit de parcourir le chemin inverse. En l’absence d’exemples de pays ayant réussi à se réindustrialiser significativement après avoir dépassé un certain degré de désindustrialisation (hors guerres), on peut considérer que la réindustrialisation ou la relocalisation d’emplois dans des pays occidentaux aux coûts salariaux élevés et aussi exposés à d’autres formes de dumping, relève à présent du vœu pieu ou de la démagogie.   

Parmi les obstacles qui s’opposent à une réindustrialisation de la France, figurent un environnement fiscal, normatif, administratif et syndical peu engageant, la difficulté de trouver des candidats formés mais aussi un coût salarial et de formation élevé. Autrefois, la perspective de travaux moins rudes que ceux de la ferme pour des générations qui quittaient l’agriculture, l’entourage social et l’habitude au sein de familles d’ouvriers qui se succédaient dans des entreprises réputées pour transmettre des savoir-faire avec le goût de l’excellence, souvent premiers employeurs régionaux qui offraient la sécurité de l’emploi et chez lesquels les salariés étaient fiers de travailler, ont favorisé l’abondance de main-d’œuvre et le succès de ce modèle industriel.

Le déficit de la balance commerciale a atteint en 2022, le record historique de 163.6 Mrds d’euros. Le processus qui nous entraine vers la fin du cycle industriel, s’est intensifié surtout à partir des années 80. La financiarisation a fait voler en éclats un modèle patrimonial et paternaliste incarné par les derniers capitaines d’industrie. Il ne convient pas d’idéaliser à outrance ce modèle qui comportait des défauts, mais cette culture fédérait et la population bénéficiait du développement industriel. Pour mieux faire passer la pilule des fermetures d’usines et des délocalisations, François Mitterrand faisait le choix d’une société de l’assistanat. Le gouvernement instaurait le RMI en 1988. Il avait auparavant soutenu l’initiative des Restaurants du Cœur de Coluche, afin que ceux-ci contiennent, aux côtés d’autres associations de plus en plus débordées, des situations d’extrême pauvreté. La politique de l’assistanat a réduit le risque de révolte ouvrière mais a favorisé l’acceptation d’une mondialisation qui fabriquerait en France, de plus en plus de chômeurs et d’allocataires de minimas sociaux.

Dans la France de 2023, de multiples possibilités s’offrent aux jeunes qui entrent dans la vie professionnelle. Beaucoup redoutent des tâches répétitives avec un risque souvent élevé de maladies professionnelles et un manque de considération du travail industriel. Certains choisissent même de baser leur parcours de vie sur un assistanat maintenant institutionalisé. Depuis plusieurs décennies, les enfants, petits-enfants ou arrière-petits-enfants d’ainés qui avaient quitté la ferme pour l’usine, préfèrent souvent, lorsqu’ils sont licenciés, travailler dans des métiers du secteur des services. Cela illustre l’évolution du travail ainsi que le phénomène des cycles.

La fin d'un cycle industriel français ne signifie évidemment pas une absence totale d’industrie ou qu’il faille se resigner à la désindustrialisation de la France mais on doit néanmoins faire le constat du recul en termes d’emplois. En effet, notre pays comptait 6 millions d’emplois industriels pour une population active de 22 millions de personnes en 1974. Actuellement, l’effectif de l’industrie manufacturière de transformation des biens, hors secteur agroalimentaire, n’excède pas 1 million pour 28 millions d’actifs. Citons d’abord les secteurs qui nécessitent des emplois métallurgiques : « L’industrie automobile (dont construction auto, équipementiers automobiles) génère à elle seule 205 000 emplois » (CCFA 2018) mais la transition vers l’électrique pourrait détruire 50/100 00 emplois, Aéronautique et spatial, Naval, Ferroviaire, Armement 270 000, Nucléaire 100 000 emplois selon SFEN.  Puis Chimie, pharmacie et cosmétiques 150 000, Textile et maroquinerie 75 000 dont luxe, Meuble 30 000 etc.

Quand un pays désindustrialisé qui a perdu la plupart de ses savoir-faire et de ses écosystèmes, relocalise quelques activités robotisées dépendantes de chaines de valeur mondiales, avec peu d’emplois à la clé, il est alors exagéré d’évoquer une réindustrialisation. Ce néologisme a fait son apparition aux Etats Unis et un débat fut engagé au Congrès américain au cours des années 80. Plus récemment, le président Donald Trump a souhaité relocaliser une part de l’industrie mais la volonté politique n’a pas suffi et le déficit commercial américain enregistre en 2021 un record de 859.1 Mrds de dollars.

Des machines et des productions se baladent à travers le monde au gré des subventions, des couts salariaux ou de l’attractivité fiscale mais peut-on parler de réindustrialisation quand une activité marque seulement une halte pendant quelques années en France ?

La relocalisation d’industries désormais robotisées est toujours souhaitable mais le contribuable a-t-il vocation à subventionner des entreprises parfois chinoises qui s’installent ainsi au cœur de l’Europe pour mieux capter les parts de marché de leurs concurrents français et européens. Cette vision mondialiste s’oppose au modèle de l’industrie française forte qui enrichissait la France et profitait à tous. Les plus grands fleurons ont certes souvent bénéficié de larges subventions de l’Etat français mais participaient en revanche à la création d’écosystèmes disséminés sur la toute la France, à la structuration et à l’enrichissement des territoires, gêneraient des millions d’emplois et des cotisations qui finançaient les services publics etc.

La croissance française est atone depuis le début des années 2000. Une sortie de l’UE et de l’euro nous aurait alors permis de protéger davantage notre industrie manufacturière.  2 décennies plus tard, nous ne parvenons que très rarement à trouver des biens courants de consommation « made in France » (hors agroalimentaire). Cela était très prévisible et c’est pourquoi nous avons inlassablement interpellé les trois derniers présidents qui au contraire, ont multiplié durant leurs quinquennats, les accords de libre-échange ou les freins à l’activité industrielle.

De nombreuses personnalités politiques prétendent souvent vouloir et pouvoir réindustrialiser mais oublient que ce sont les dirigeants d’entreprises qui décident de leur propre politique industrielle. Quelques subventions pourraient ne guère suffire. Compte tenu d’une multiplication des taxes et normes, d’un euro surévalué, des 35 heures, d’un coût du travail incompatible avec un faible pouvoir d’achat de consommateurs mais aussi du manque d’intérêt pour l’emploi industriel dans une France qui s’éloigne, même si on le déplore, de son cycle industriel, peu d’entreprises françaises projettent de relocaliser leur production dans l’hexagone.

Nouveau schéma de croissance

Aucun des programmes présentés lors des dernières élections présidentielles, ne pourrait permettre dans le cadre de l’UE, de renouer avec un niveau de croissance qui assurerait la pérennité du modèle social français, diminuerait l’endettement et arrêterait notre déclin. Aussi nous faut-il aller de l’avant et penser une stratégie capable de doper notre croissance. L’industrialisation de pays d’une Afrique qui affiche une prévision de 2.5 milliards d’habitants en 2050, nous procurerait des opportunités.

De nombreuses entreprises ont pris conscience d’une trop grande dépendance à la Chine et accepteront de transférer une part des étapes de chaines de valeur mondiales vers d’autres pays peu développés ou que l’on peut parfois classer en cycle agricole mais qui veulent s’industrialiser ainsi que le propose le Plan de régionalisation de production Europe Afrique ou programme Africa Atlantic Axis. Les populations sont en demande de modernisation et d’emplois mieux rémunérés que ceux du secteur informel. Complementaire, le concept International Convention for a Global Minimum Wage   qui concernerait d'abord les emplouis de production, constituerait un accelerateur de développement. Sa progressivité modérerait cependant le risque d'inflation.  

Déjà  bienveillamment accueilli par plusieurs dizaines de médias africains, ce concept sera plébiscité par une jeunesse africaine ambitieuse. En réaffectant une part même mineure du budget annuel français d’aide au développement (AFD et Proparco) dont par ailleurs, la plus grande part est actuellement inefficiente en termes de développement, les études d’ingénierie et la mise en œuvre n’occasionneraient donc aucune nouvelle dépense pour le contribuable français. Des effets du projet permettraient de réaliser d’importantes économies dans d’autres postes de dépenses.   

L’ONU et d’autres institutions internationales dont la politique malthusienne tente de freiner la fécondité en limitant le développement, se trompent depuis 60 ans. Surtout idéologique et prônée par le GIEC, émanation de l’ONU, la politique du New Green Deal qui favorise les investissements en faveur de fonds ou acteurs du numérique et des énergies renouvelables, apparait peu pertinente car déconnectée d’un projet industriel d’ensemble et d’un développement coordonné. En allant à l’encontre de l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne, cette vision condamne le continent africain, au sous-développement. 

Le modèle post-colonial d’aide pour le développement  (APD) de l’Afrique est anachronique et inadapté dans un contexte de mondialisation

De même, Rémy Rioux qui a été nommé Directeur général de l'Agence Francaise de Développement (AFD) par François Hollande et récemment désigné par Emmanuel Macron pour un 3ème mandat, revendique une politique "100 % compatible avec l'Accord de Paris" dont il était le coordinateur financier en 2015 (COP 21). Le montant du budget annuel ou des engagements avoisinent 16/17 Mrds d'euros dont un peu plus de la  moitié est consacrée  à l'Afrique. Mais les énormes capitaux mobilsés semblent arroser le sable. Pour exemple, le dispositif baptisé "choose Africa" (3 milliards d'euros pour 26 000 starts-up, TPE et PME africaines) apparait  démagogique et désordonné. Les mesures incohérentes à l'egard de la Chine comme le co-financement d’infrastructures chinoises des « routes de la soie » en Afrique et le versement d’aides à la Chine peuvent aussi laisser perplexes.

Alors, après 60 ans d’inefficacité industrielle, cette émanation de l’Etat français n’est guère crédible quand elle publie en juin 2022, le livre « L'industrialisation en Afrique subsaharienne, saisir les les opportunités des chaines de valeur mondiales" La formule d'apparence volontaire qui semble inspirée de notre coeur de projet, ne peut convaincre quand au contraire, le discours idéologique de l'AFD participe depuis si longtemps d'un immobilisme en Afrique subsaharienne. On peut penser que le Général de Gaulle a créé et fait évoluer l'AFD pour favoriser un développement industriel et économique de l'Afrique et non pour instituer un secours perpétuel humiliant pour les africains et finalement trés couteux pour la France. Mais le dirigeant tente de justifier la politique de l'AFD en estimant que celle-ci est soumise à la nouvelle loi de programmation de l’aide internationale d’août 2021 qui elle même doit se conformer au programme de développement durable de 2015 défini par l’ONU.

L’AFD s’est clairement détournée de sa vocation première de développement.  Mais ces choix idéologiques, politiques ou financiers qui excluent, au nom du climat, la plupart des industries manufacturières de biens de consommation, ne sont pas sans consequences. Ils condamnent le continent africain, au sous-développement et ses populations, à l’extrême pauvreté, la faim et souvent la mort. Pourtant, l’ONU est consciente des probables effets de son inaction. Elle connait les risques de plus grande catastrophe humanitaire jamais connue en Afrique subsaharienne et d’immigration qui déstabilisera l’Europe. La France et l’UE doivent modifier leur politique et cesser de confier entièrement la gestion des capitaux du développement de l’Afrique subsaharienne à des ONG ou organisations publiques dont la perception de l’économie et de l’entreprise, peut apparaitre théorique et dogmatique.     

Seule une hausse du niveau de vie qui encouragera l'éducation des enfants et l'émancipation des femmes, permettra, au fil des années et des générations, une réduction de la natalité. Cela constitue très certainement la clé de la réussite de l’Afrique. Face à l’échec et à l’aggravation de la misère voire de possibles situations de famine dans 45 pays d’Afrique à la suite de la guerre en Ukraine, les organisations internationales devraient enfin changer de politique. Elles pourraient adhérer au financement de structures et infrastructures inscrites dans un cadre organisé du projet. Le coût dispensé au rythme du développement, demeurerait modeste au regard des actions passées qui, bien qu’inefficaces, ont couté prés de 1 500 Mrds d’euros.

Partenariats, mécanismes de mutualisation et de péréquation des coûts ainsi qu’économies d’échelle privilégieront de la compétitivité en Afrique et en France. Lorsque plusieurs pays d’Afrique deviendront des eldorados, le nombre de candidats à l’exil vers l’UE diminuera considérablement et de nombreux drames humains seront épargnés. L’essor offrira à la France, d’innombrables perspectives industrielles et des emplois dans l’ensemble des secteurs d’activité. Cela favorisera la croissance française indispensable au maintien de notre modèle social.    

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage

 

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"Un nouveau schéma économique pour la France est possible", argumente Francis Journot.

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Les économies suivent généralement le même cheminement agricole, industriel puis des services. Maintenant, l’économie quaternaire ou numérique se nourrit de services (uberisation) mais aussi d’interdépendances et d’interactions avec les stades primaires et secondaires qui ont structuré les économies de pays. Ainsi, les pays les moins développés dont ceux d’Afrique subsaharienne, ne peuvent enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés se heurtent le plus souvent à un effet cliquet post-industriel qui empêche un parcours inverse. 

Notre pays dispose de l’atout de la francophonie et de liens uniques avec un continent africain aux portes de l’Europe qui pourrait compter 2.5 milliards d’habitants en 2050. Les institutions internationales et l’Agence Française de Développement (AFD), handicapées par leur fonctionnement technocratique et une vision par trop idéologique, échouent en matière industrielle depuis 60 ans. Mais l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne est inquiétante et pour les africains, le temps presse : lors d’une interview réalisée par la BBC le 22 juin 2022 à propos de l’immigration, un jeune subsaharien déclarait "90% de mes amis veulent partir" d'Afrique. Aussi faut-il faut un projet clair doté d’une méthode efficiente. Le programme Africa Atlantic Axis ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique, propose depuis 2020, un transfert de chaines de valeurs mondiales (CVM) souvent installées en Chine. Cette stratégie favoriserait le développement de l’Afrique subsaharienne tout en procurant de nouvelles perspectives et de la croissance à nos entreprises industrielles et à l’économie française ou européenne. 

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

Logofigaro 1 2 1Francis Journot: «Si l'Europe n'aide pas l'Afrique subsaharienne à s'industrialiser, l'immigration explosera»  

Francis journot si l europe n aide pas l afrique subsaharienne a s industrialiser l immigration exploseraLe Figaro/Tribune publiée le 20 octobre 2021 - La population d'Afrique subsaharienne devrait doubler d'ici 2050. Aussi est-il urgent que celle-ci développe, avec l'aide d'entreprises internationales, sa propre industrie manufacturière des biens de consommation, structurante, créatrice d’emplois mais aussi respectueuse de son environnement. Cependant, depuis que le sujet du climat s’est érigé en priorité absolue, on observe un fléchage des financements favorisant des projets verts ou numériques même lorsqu’ils ne créent pas d’emploi. Mais cette politique qui empêcherait l’industrialisation et maintiendrait l’Afrique dans la pauvreté, provoquerait de surcroît, une explosion des flux migratoires vers la France et d’autres pays de l’UE.  

Le sujet de l’industrialisation de l’Afrique pour éviter un chaos est plus crucial que celui du climat

Si l’Afrique ne parvient pas à s’industrialiser et à se moderniser, nous assisterons à une multiplication des situations d’extrême pauvreté, de malnutrition et subséquemment, à un chaos sur le continent entier. Plusieurs centaines de millions d’africains parmi une population qui devrait compter 2.5 milliards d’habitants en 2050, souhaiteront alors à venir en France et en Europe pour fuir la faim et la mort. Les démocraties qui préservent les européens de la guerre et du désordre, ne pourront pas survivre à ce bouleversement. L’écroulement de la civilisation occidentale dans un futur plus ou moins lointain est souvent évoqué. Il pourrait désormais se produire en moins de 3 décennies. Que l’on pense que l’origine du changement climatique est surtout anthropique ou non, le sujet du développement économique de l’Afrique subsaharienne pour éviter un chaos, apparaît plus urgent que celui du climat.

Les institutions internationales sont conscientes de la crise sans précèdent qui se prépare

En Afrique subsaharienne, région où la démographie est la plus forte, le nombre de personnes souffrant de malnutrition était estimé à 236 millions en 2017 parmi 431 millions vivant dans l’extrême pauvreté. Selon les institutions internationales, ces chiffres pourraient doubler ou tripler au cours des années à venir. 30 millions de jeunes travailleurs arrivent chaque année sur le marché du travail africain mais seulement 10 à 15 % parmi eux trouvent un emploi. Par désœuvrement, certains rejoignent des sectes islamistes. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) estime que les taux d’emploi informel chez les jeunes de 15 à 24 ans atteignaient en 2018 en Afrique Subsaharienne 94.9 % et jusqu’à 97.9 % (Sénégal) dans des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest. L’ONU est consciente de la crise humanitaire qui se prépare car selon elle « Si la tendance actuelle se poursuit, en 2030, l'Afrique abritera plus de la moitié des personnes qui souffrent de manière chronique de la faim dans le monde ». 

La politique de finance verte pourrait empêcher le développement industriel de l’Afrique

L’approche des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU pour 2030 au premier rang desquels figurent l’extrême pauvreté et la faim, est holistique. Mais les 17 objectifs voulus indivisibles et transversaux, s’opposent souvent entre eux. Le GIEC qui brandit la menace de 250 000 morts supplémentaires par an dues au changement climatique, réclame une neutralité carbone qui irait cependant à l’encontre d’une progression du travail et de l’industrie dans les pays émergents ou en développement. Cette politique va condamner des centaines de millions de gens à rester dans l’extrême pauvreté au moment où près de 900 millions sont sous alimentés dans le monde et qu’un million parmi eux meurent chaque mois de ce fléau. Alors réserver les financements à des projets uniquement parce qu’ils répondent aux critères verts ou numériques lorsque l’on sait que ceux-ci ne créeront pas ou peu d’emploi et échoueront le plus souvent faute d’infrastructures ou d’écosystèmes performants, serait peu judicieux. De plus, nul n’ignore que la misère en Afrique constitue un terreau fertile sur lequel prospère le terrorisme islamique. Aussi, cette politique de finance verte également revendiquée par l’Agence Française de Développement (AFD), pourrait avoir pour effets de maintenir l’Afrique subsaharienne dans le sous-développement et de fragiliser la France ainsi que d’autre pays.

Dégradation de l’industrie depuis la fin de la colonisation

Si l’on en juge par l’état actuel de l’industrie subsaharienne, on ne peut alors que s’interroger à propos de la méthode des institutions internationales et du manque de volonté d’industrialisation des décideurs africains ou occidentaux. La Communauté mondiale se trompe depuis 6 décennies mais fait bonne figure en finançant des ONG et en distribuant l’aumône. L’industrie et la situation économique de l’Afrique se dégradent depuis 60 ans. Pour exemple, en République Démocratique du Congo (RDC), de 9600 entreprises industrielles héritées de la colonisation belge, le nombre est passé à 507 récemment recensées. Pourtant, la main d’œuvre abondante et les salaires inférieurs à ceux de pays occidentaux, pourraient présenter un avantage compétitif susceptible d’attirer des investissements industriels. La construction d’une industrie manufacturière capable de produire ses propres biens de consommation constituerait le meilleur moyen de créer de l’emploi et d’éradiquer l’extrême pauvreté et la faim. L’avantage concurrentiel permettra d’exporter. Il faut rompre avec un discours condescendant et humanitariste tenu par ONG et institutions, selon lequel les africains ne peuvent trouver de salut économique qu’en migrant vers un occident qui serait responsable de tous leurs maux.

L’Afrique subsaharienne doit pouvoir produire des biens de consommation

Les nouvelles générations africaines ambitieuses, formées et diplômées sont prêtes à relever ce défi de l’industrie et de la modernisation, néanmoins seul un plan global d’industrialisation de l’Afrique subsaharienne le permettrait. Les biens achetés par les africains sont aujourd’hui surtout importés de Chine mais la proposition de « transférer de la Chine à l'Afrique, une part de la production industrielle », est bien accueillie par ceux-ci. Apres des cession plus ou moins consenties de savoir-faire et de technologies à des entreprises chinoises maintenant concurrentes et une méfiance grandissante, un « plan de régionalisation de production Europe Afrique » pourrait convaincre bon nombre de grandes entreprises à travers le monde, de modifier leurs chaines de valeurs mondiales (CVM). Compte tenu du coût élevé du travail dans la plupart des pays occidentaux ainsi que du poids des taxes et normes, les industries de main d’œuvre ne reviendront que très rarement. Cependant, des mécanismes de péréquation et de mutualisation des coûts, permettraient à des entreprises européennes de retrouver de la compétitivité. L’immense futur marché africain nous offrirait de nouvelles perspectives et favoriserait aussi la croissance en France et en Europe. Partages de savoir-faire et nouveaux échanges profiteraient aux Etats et populations des deux continents.  

La dogmatique taxonomie verte de l’UE déjà mortifère pour l’économie européenne

Dans certaines entreprises industrielles, la facture de gaz et d’électricité a quasiment doublé en quelques années. Les taxes et normes affaiblissent des industries au bénéfice de la Chine. Des secteurs industriels sont laminés et mettront des millions de salariés européens au chômage. L’UE boude l’énergie nucléaire qui émet peu de Co2 mais promeut des produits de transition énergétique fabriqués en Chine dont batteries et voitures électriques aux empreintes écologiques dévastatrices ou éoliennes et panneaux voltaïques également en partie financés par des subventions françaises et européennes.

L’implication des femmes dans l’industrie ferait chuter le solde démographique et la pauvreté

Lorsque plusieurs dizaines de millions de femmes d’Afrique subsaharienne, dirigeront des entreprises artisanales ou plus importantes, occuperont des postes industriels et trois ou quatre fois plus d’emplois de services, indirects et induits, la natalité et le taux de pauvreté chuteront naturellement. Si l’on ajoute à cela, qu’une hausse du niveau de vie encouragera l’éducation des enfants et l’émancipation des femmes, le modèle familial évoluera. Ainsi le solde démographique africain décroitra de plusieurs centaines de millions d’habitants et déjouera les prévisions actuelles. 

Sacrifier une part de l’humanité au nom du principe de précaution climatique, serait une folie 

N’oublions pas, avant d’empêcher le développement de l’Afrique subsaharienne ou de détruire davantage d’équilibres économiques en Europe, que la climatologie est une science d’interactions dont par définition, la multiplicité des facteurs, les nombreuses disciplines impliquées et le manque de prévisibilité, devraient nous inciter à plus d’humilité et de prudence.  On peut douter que le paradigme écologiste qui risque de mettre à mal de nombreuses économies à travers le monde et de condamner ainsi à la faim et à la mort des centaines de millions de pauvres notamment en Afrique subsaharienne, fasse l’unanimité parmi les individus les plus concernés. Les populations européennes pourraient également, lorsque les tsunamis migratoires auront eu raison des systèmes de protection sociale, de leur culture et de leur civilisation, regretter d’avoir cédé au dogmatisme. Aussi apparait-il hasardeux de prôner, au nom d’un principe de précaution climatique, une politique idéologique qui sacrifiera   surement une part importante de l’humanité. Peut-être devrons-nous demain affronter le regard de nouvelles générations qui jugeront nos errements. Souhaitons que les institutions internationales prennent la mesure de leur responsabilité et des possibles conséquences de leur dangereuse politique.

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

COP climat 26 : l’Afrique subsaharienne est-elle le dindon de la farce ?

Cop26

La Chine veut gagner du temps pour parvenir plus vite à une hégémonie sur le monde  

Les pays les plus pollueurs promettent, afin de gagner du temps, la neutralité carbone à l’horizon 2060 ou 2070. Le président chinois Xi Jinping à boudé la COP 26 et refuse les contraintes écologiques que les COPs veulent imposer. Son pays continue de multiplier les centrales à charbon qui constituent pourtant la source d’énergie la plus polluante et émettrice de CO2. La Chine accélère le rythme de captation des terres agricoles et minières dont terres rares d’une Afrique subsaharienne de plus en plus dépendante et endettée. Pékin veut mettre à profit ce gain de temps pour s’assurer une hégémonie économique et militaire sur le monde.

Exigence écologique à géométrie variable

Plus inflexibles à l’égard d’autres pays ou du continent africain, les institutions internationales qui conditionnent l’octroi de financements à une utilisation dite « verte », dictent ainsi le mode de développement de l’Afrique et l’expose à l’avidité de la Chine. Mais on peut craindre que cette politique qui empêchera la création d’une vraie industrie manufacturière des biens de consommation et qui maintiendra pour longtemps l’Afrique subsaharienne dans la pauvreté, soit demain, compte tenu du doublement de la population d’ici 2050, aussi responsable de la plus grande catastrophe humanitaire.    

Conception de l’économie africaine loin des réalités

Transition écologique ou numérique qui pourtant n’est qu’un moyen mais pas une fin en soi, économie, relance, finance et croissance vertes, développement durable, tels sont quelques-uns des termes redondants ou directives imposant l’idéologie écologiste à l’économie africaine. Mais quelle transition écologique quand la totalité du CO2 émis par une cinquantaine de pays africains n‘aurait pas excédé 1 ou 2 % des émissions mondiales depuis le 18ème siècle ? Faudra-t-il fermer des entreprises insuffisamment vertueuses aux yeux de militants écologistes ou demander à des gens qui meurent de faim et qui manquent de tout, de consommer encore moins ? Et quelle transition numérique quand il faudrait d’abord penser des dispositifs de financement viables pour électrifier davantage l’Afrique ?

La transition écologique devrait générer, selon ses promoteurs, 4 ou 6 millions d’emplois « verts » en Afrique mais quelles solutions pour le demi-milliard aujourd’hui et demain, le milliard et demi de gens qui vivront dans l’extrême pauvreté et pour lesquels les emplois industriels seront toujours plus rares ? A qui profitera réellement la manne financière annuelle de plusieurs dizaines de milliards de dollars alloués à cette transition écologique africaine dont la plupart des outils sont fabriqués en Chine ?  

Le risque d’assister en Afrique à un chaos et catastrophe humanitaire sans précèdent au nom du principe de précaution climatique, est réel et certain. Mais qui parmi ceux qui prônent aujourd’hui cette politique aventureuse, acceptera alors d’en assumer la responsabilité ?  Par Francis JOURNOT

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

La tribune afrique 2

Si l’Afrique subsaharienne ne crée pas d’industries manufacturières, la plupart des partenariats public-privé ne seront pas rentables    

Centrale solaireTribune de Francis JOURNOT publiée le 20/08/2021 - L’Afrique subsaharienne est sous-équipée en services publics mais les projets infrastructurels impliquant des investissements privés accusent un recul depuis 2012. Afin d’attirer de nouveaux investisseurs, les institutions internationales prônent des partenariats public-privé « dérisqués ». Mais les Etats devraient compenser les pertes. Il faut donc un développement de l’industrie manufacturière des biens de consommation qui procurera des emplois et du pouvoir d’achat aux populations utilisatrices de services publics. Les budgets de certains États pourraient s’équilibrer et les industries consommatrices d’énergie ou d’autres infrastructures, participeraient considérablement à la rentabilité de ces nouveaux équipements.     

Partenariats public-privé (PPP) pour financer des services publics et infrastructures

La Banque Mondiale est à l’initiative du projet "From Billions to Trillions" dévoilé en 2015 puis rebaptisé "Maximizing Finance for Development" en 2018. L’institution financière préconise des partenariats public-privé (PPP) afin de décupler la puissance des 150 milliards de dollars de prêts publics au développement que les banques multilatérales de développement (BMD) versent chaque année pour doper les investissements dans les services publics de pays sous-équipés.

Selon le FMI, le montant des opportunités d’investissements en matière de création de services publics en Afrique subsaharienne est estimé à « 20 % du PIB en moyenne d’ici la fin de la décennie » (PIB annuel de 2000 milliards de dollars environ).  Lors du sommet France Afrique, le président français Emmanuel Macron a présenté un « new deal » déployé dans le cadre de l’Initiative France-Banque Mondiale et promu par l’Agence française de développement (AFD) pour intensifier le recours aux PPP en Afrique.

Les PPP dans des projets infrastructurels en Afrique subsaharienne sont en chute libre

Ainsi que le souligne la publication du FMI Comment attirer les fonds privés pour financer le développement de l’Afrique ? « Le rôle restreint des investisseurs privés en Afrique est également manifeste sur le plan international : le continent n’attire que 2 % des flux mondiaux d’investissements directs étrangers ».  Nombreux sont les pays africains qui veulent conclure des PPP pour installer des services publics mais Il est peu certain que les milliards escomptés affluent. Selon la base de données de la Banque mondiale, ces investissements sont en chute libre « En Afrique subsaharienne, les investissements dans les projets infrastructurels associant le secteur privé sont tombés de 15 milliards de dollars en 2012 à 5 milliards en 2019 ».

Plusieurs critiques à l’égard des partenariats public-privé dédiés aux services publics

L’article Intitulé « Le lourd tribut du « dérisquage » des financements infrastructurels » écrit sur Project Syndicate en 2018 par Howard Mann, conseiller principal en droit international à l'Institut international du développement durable, alertait déjà. Bien que ne doutant pas des bonnes intentions de la Banque mondiale, celui-ci écrivait à propos des financements par PPP : «de nombreux pays en voie de développement s’orientent aujourd’hui tout droit vers un scénario désastreux. Dans de nombreux cas, les risques pris en charge par les États s’étendent sur 20 à 30 ans. Pendant toute cette durée, les gouvernements seront confrontés à de sérieux défis dans la gestion des dépenses publiques, et subiront des coûts imprévus liés à des engagements hors comptabilité ainsi qu’à une dette excessive, ce qui soulève la possibilité d’un défaut sur tous les engagements de crédit ». En décembre 2020, dans l’article « La doctrine Macron en Afrique : une bombe à retardement budgétaire » publié par le Groupe d’Etudes Géopolitiques (GEG) de l’Ecole Nationale Supérieure (ENS), deux économistes, Daniela Gabor (auteure du livre The Wall Street Consensus, édité en 2020) et Ndongo Samba Sylla, dénonçaient les mêmes problématiques mais aussi l’influence des marchés financiers.

Le modèle économique importe au moins autant que le mode de financement des infrastructures

Alors certes ces risques sont réels et cela se vérifiera probablement lors de certains partenariats public-privé. Mais la plupart des Etats ne peuvent financer les travaux publics et souvent leurs économies respectives jugées peu « bankable », ne leur permettent guère d’émettre des obligations ou d’obtenir des prêts. Les PPP pourraient donc constituer des solutions si toutefois le développement économique est aussi au rendez-vous. Car le type de financement n’est pas l’unique paramètre. Le modèle de développement importe au moins autant. Si l’emploi informel qui concerne 85 % de la population subsaharienne demeure la règle, les revenus augmenteront peu et le prélèvement de l’impôt stagnera.  Mais dans le cas d’une forte industrialisation, la hausse de pouvoir d’achat, l’enrichissement des Etats et la consommation d’industries permettraient de rentabiliser les équipements et d’honorer les engagements signés. 

Une efficience limitée des aides publiques et des investissements sans vision globale

La politique d’aide au développement de l’Afrique subsaharienne échoue depuis 60 ans. L’industrie de cette région s’articule surtout autour du secteur des matières premières et de la transformation des productions agricoles. Aujourd’hui, la plupart des biens de consommation sont importés de Chine. Aussi dans un environnement dépourvu d’écosystèmes industriels, les investissements désordonnés sont souvent vains. Le G7 promet 80 Mrds de dollars répartis sur cinq ans aux entreprises africaines mais quels que soient les montants, une stratégie est indispensable. Au lieu d’injecter ici et là, des capitaux sans cohérence d’ensemble, il conviendrait, afin d’éviter une déperdition d’efficacité et de rendement, de concentrer ceux-ci en amont de secteurs industriels porteurs d’emplois. Ainsi, en aval des millions d’autres d’emplois de services, indirects et induits se créeraient naturellement ensuite. En usant de tels mécanismes, les besoins en financements et subventions seraient moins colossaux.       

L’industrialisation demeure la seule solution pour développer l’économie de l’Afrique subsaharienne 

30 millions d’africains arrivent sur le marché du travail chaque année aussi faut-il accorder une priorité aux projets industriels. En effet, on observe habituellement dans les pays développés que chaque emploi industriel génère en moyenne 3 ou 4 autres emplois induits ou indirects mais dans des pays où tout est à construire, ce chiffre pourrait être encore multiplié par 2 ou 3.  C’est pourquoi il serait pertinent de réunir d’abord les conditions de cette industrialisation en construisant les infrastructures nécessaires et en installant simultanément des parcs d’activités sectoriels pouvant accueillir des entreprises souvent occidentales qui partageraient des savoir-faire et constitueraient, aux côtes de nouvelles entreprises locales, des écosystèmes performants.   

Associer des projets infrastructurels avec un plan d’industrialisation de l’Afrique subsaharienne

Lors du G20 de 2017 à Hambourg, la chancelière Angela Merkel annonçait le programme Compact With Africa (CWA) qui concernait les entreprises allemandes et 12 pays d’Afrique dont 8 en région subsaharienne. 4 ans plus tard, il a sans doute permis des rapprochements mais semble au point mort. 

Plus ambitieux, le projet «Africa Atlantic Axis» (AAA) ou «Plan de régionalisation de production Europe Afrique» s’adresse à des entreprises de toutes nationalités et offrirait ainsi d’importantes possibilités de développement aux entreprises africaines et de nombreux emplois. Celui-ci propose une industrialisation de l’Afrique subsaharienne dans le respect de l’environnement à partir de bases productives qui s’intègreraient au sein de chaines de valeur mondiales (CVM). Elles seraient d’abord implantées dans des pays de la façade atlantique ou proches de celle-ci afin de fluidifier les échanges avec l’Europe et les USA avant de s’étendre progressivement à tout le continent. D’autre part, l’augmentation raisonnable des salaires de production que nos études recommandent dans le cadre du projet «International Convention for a Global Minimum Wage», ferait reculer la pauvreté et permettrait ainsi à un nombre croissant d’africains d’avoir accès aux nouveaux services publics. En avançant de concert, projets d’industries manufacturières et PPP créant des services publics, se renforceraient mutuellement et favoriseraient ainsi leur viabilité. 

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage

Tribune de *Francis Journot: « Il faut transférer de la Chine à l’Afrique, une part de la production industrielle »

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Ce changement de paradigme mondial permettrait de moderniser l’Afrique et offrirait à certains pays la possibilité de s’extraire de la spirale du piège chinois de la dette africaine pour ainsi préserver leur souveraineté. L’installation d’infrastructures et d’outils industriels d’entreprises souvent occidentales ainsi que la création d’un important tissu d’entreprises locales, génèreraient sur le sol africain, des dizaines de millions d’emplois plus rémunérateurs que ceux du secteur informel. Cette mutation qui s‘inscrirait néanmoins dans le respect de l’environnement, favoriserait de nouveaux échanges entre des Etats africains et leurs partenaires fréquemment français, européens, américains et parfois asiatiques. Elle augmenterait la croissance de chacun d’entre eux.

Quand l’idéologie empêche le développement de l’Afrique et maintient la pauvreté 

Lors de sommets internationaux, au moment où l’extrême pauvreté et la famine font plus de ravages que jamais, des occidentaux et des africains bien nourris expliquent fréquemment à une population qui compte 250 millions d’habitants souffrant de malnutrition dans une Afrique quasiment dépourvue d’industrie qui émet peu de co2, que les priorités doivent être cependant la transformation numérique et une transition verte aux contours incertains. Pensée technocratique, cynisme, dogmatisme ou méconnaissance de l’économie africaine, chacun jugera. Mais la priorisation de propositions insuffisantes ou illusoires qui ne produiront pas d’effets significatifs rapides en matière économique, est de nature à retarder le développement du continent et à aggraver la pauvreté.

Un modèle qui pourrait répondre aux aspirations de la jeunesse africaine

Fin 2020, dans un article publié sur La Tribune Afrique intitulé «Afrique subsaharienne: le capitalisme pourrait réussir là où ou l’aide au développement échoue depuis 60 ans », nous nous interrogions à propos de l’efficacité d’une aide publique qui a dépassé 1000 Mrds de dollars mais n’a pas réussi à faire diminuer un emploi informel qui concerne encore 85 à 89 % de la population active subsaharienne. Des entreprises industrielles offriraient des emplois mieux rémunérés. L’augmentation raisonnable des salaires de production que nous prônons dans nos études relatives au projet «International Convention for a Global Minimum Wage», contribuerait aussi à une élévation du niveau de vie des populations et accélérait le développement de l’Afrique. Cela pourrait répondre au souhait de nombreux africains qui voudraient mieux vivre de leur travail et rompre avec une assistance certes bienveillante et souvent indispensable mais qui renvoie une image négative qu’ils veulent changer.

Plan structuré de régionalisation industrielle en Afrique subsaharienne

Ainsi que nous l’avons déjà écrit dans Le Figaro, « Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible! ». Mais seul un «plan de régionalisation de production Europe Afrique», réaliste et structurant mais tenant compte aussi des nouveaux paramètres géopolitiques et géoéconomiques, pourrait réussir. Une implication financière même modérée de chacun des pays qui souhaiteraient renforcer leur présence économique pour accroître leurs échanges avec l’Afrique dans le cadre du programme, s’avèrerait indispensable. Les entreprises originaires de ces États signataires étrangers pourraient bénéficier d’un accompagnement facilitant leur implantation (recrutement et formation, assistance juridique, fiscale et administrative, financements, études etc.) qui contribuerait à une attractivité pour l’Afrique subsaharienne. Nous saurons bâtir les schémas industriels globaux au sein desquels elles pourront se projeter et qui les convaincront de déménager une part de leur production. Il conviendra de rechercher une complémentarité sectorielle pour constituer des écosystèmes performants et cohérents. Cette proximité permettra ainsi de réduire au sein de chaines de valeur mondiales (CVM), le transport de matières ou pièces.

Un programme concret et aisément finançable

Le coût de construction des bases industrielles dont accès routiers, ferroviaires, aéroportuaires ou portuaires, fourniture énergie, réseaux télécommunications, travaux de voirie, gestion des déchets mais aussi dispositifs de sécurité, habitations, écoles, centre médicaux et commerces indispensables, seraient éligibles au financement par les grandes institutions internationales et pays donateurs dans le cadre du développement de l’Afrique. Le montant dépensé pour chaque site industriel qui sortirait de terre tous les 2 ou 3 ans, avoisinerait 3/5 Mrds euros. A l’opposé de politiques ou de propositions économiques, internationales ou locales, souvent creuses et sans lendemain mais qui sclérosent depuis 60 ans le développement de l’Afrique subsaharienne, le programme «Africa Atlantic Axis» pourrait au contraire être mis en œuvre à moyen terme si toutefois, les populations des pays africains les plus concernés le souhaitent. Les institutions financières internationales ne pourraient que s’associer à ce projet de progrès pour l’Afrique. En effet, ce processus d’intégration industrielle augmenterait les ressources budgétaires des États. Il permettrait une sécurisation de territoires, élèverait le pouvoir d’achat de populations et offrirait les énormes perspectives de développement d’un continent dont la construction économique nécessiterait l’énergie de toute sa jeunesse.

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

La tribune afrique 2L’industrialisation de l’Afrique subsaharienne devrait être un sujet prioritaire des sommets Afrique-France et Afrique-UE  

Unite textile combinaisons medicales egypte industrieTribune de Francis JOURNOT publiée le 12/05/2021 - Les sommets Afrique-France et Afrique-UE vont se tenir en 2021 mais les propositions généralement exposées s’avèrent peu adaptées aux enjeux. Le transfert en Afrique et en UE d’une part de la production des biens fabriqués en Chine, pourrait résoudre des problématiques.      

Quand les travaux des sommets vont à l’encontre du développement de l’Afrique  

Au moment où l’extrême pauvreté fait plus de ravages que jamais, une population qui compte parmi elle 250 millions d’habitants souffrant de malnutrition dans une Afrique quasiment dépourvue d’industrie et n’émettant que très peu de co2, pourrait majoritairement juger que des préconisations françaises, européennes ou internationales sont décalées et contre productives. La transformation numérique et la transition verte placées au premier rang des priorités, doivent certes être incluses mais ne constituent pas des solutions à part entière. On peut craindre que cette focalisation hors sol empêche un développement rapide de l’Afrique et ne permette pas un recul de la misère. 

Croissance pour l’Afrique et ses partenaires

Il est maintenant temps de construire un paradigme efficient. L’installation d’infrastructures et d’outils industriels d’entreprises souvent occidentales puis la création de tissus d’entreprises locales, génèreraient en Afrique subsaharienne, des dizaines de millions d’emplois plus rémunérateurs que ceux du secteur informel. Cela moderniserait l’Afrique tout en offrant la possibilité à certains pays de s’extraire de la spirale du piège chinois de la dette africaine Les nouveaux échanges entre des Etats africains et leurs partenaires fréquemment Français, européens mais aussi américains ou parfois asiatiques dont le Japon, favoriseraient la croissance de chacun d’entre-eux. Une intégration industrielle concertée préserverait au mieux l’environnement.

De nombreux pays à travers le monde doivent maintenant comprendre que la Chine ne sera pas leur relais de croissance

Dans la plupart des pays développés, la consommation intérieure et les plans de relance mis en œuvre à l’occasion de la pandémie Covid-19, ne permettront pas d’augmenter durablement une croissance qui s’est réduite au rythme de la désindustrialisation et des délocalisations. Certes quelques entreprises occidentales de produits à haute valeur ajoutée (voitures allemandes ou luxe français) tirent leur épingle du jeu mais la Chine fabrique la plupart de ses propres biens de consommation et ne constituera pas le relais de croissance que les occidentaux attendent en vain depuis le transfert de leurs technologies. De plus, compte tenu de leurs coûts salariaux peu concurrentiels dans la mondialisation, les pays occidentaux ne verront pas de réindustrialisation massive et les emplois partis en Chine ne reviendront que rarement chez eux. Mais ainsi que nous l’avons déjà écrit dans Le Figaro, « Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible ! ».

Perspectives économiques d’un continent qui pourrait compter 2.5 milliards d’habitants en 2050

Des pays en panne de croissance souvent occidentaux doivent opter pour des solutions qui leur permettront de sortir de l’ornière. A la porte de l’Europe, un continent peuplé d’1.3 milliard d’habitants aujourd’hui et de 2.5 milliards en 2050. Les perspectives économiques sont énormes et pourraient générer de l’activité dans les pays dont les entreprises ressortissantes participeraient à l’industrialisation de l’Afrique. Des mécanismes de mutualisation et de péréquation de coûts du travail souvent élevés en occident et plus faibles en Afrique, recréeraient des équilibres et privilégieraient ainsi la pérennité ou la création d’emploi sur les deux continents.   

Alignement des planètes pour développer l’Afrique, contenir la Chine et assurer de la croissance

La responsabilité de la Chine à propos de la propagation de la pandémie du Covid-19 qui a causé plus de 3 millions de morts et dévasté l’économie mondiale, a intensifié la méfiance de la communauté internationale à l’égard de celle-ci. Même si faute d’autres financements, quelques pays la sollicitent toujours, la quasi-totalité du monde est consciente de la nécessité de juguler la montée en puissance d’une Chine arrogante qui affiche clairement ses ambitions hégémoniques et parfois guerrières. Le piège infernal chinois de la dette africaine, la captation de terres rares ou agricoles et autres richesses du continent, menacent l’indépendance de pays africains. L’UE, bien que la signature de l’accord de principe UE-Chine sur les investissements puisse interroger, clame être à présent moins dupe. Le président des États-Unis Joe Biden affirme sa volonté de freiner l’expansionnisme chinois et renforce avec l’Inde, le Japon et l’Australie, le dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad). Et enfin, on peut espérer que la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, nouvelle directrice de l’OMC depuis le 1er mars 2021, soit moins laxiste que ses prédécesseurs envers la Chine qui en viole les règles.  

Un projet qui répondrait à une attente de la jeunesse et pourrait remplacer progressivement l’APD

Fin 2020, dans un article publié sur La Tribune Afrique intitulé «Afrique subsaharienne: le capitalisme pourrait réussir là où ou l’aide au développement échoue depuis 60 ans », nous proposions de tourner progressivement la page de l’aide publique au développement dont le montant a dépassé 1000 Mrds de dollars mais n’a pas fait diminuer un emploi informel qui concerne encore 85 à 89 % de la population active subsaharienne. Des entreprises organisées offriraient des emplois mieux rémunérés. L’augmentation raisonnable des salaires minimum de production que nous prônons dans nos études relatives au projet International Convention for a Global Minimum Wage, contribuerait aussi à une élévation du niveau de vie des populations et accélérait le développement de l’Afrique. Cela pourrait répondre au souhait de nombreux africains qui voudraient mieux vivre de leur travail et rompre avec une assistance certes bienveillante et souvent indispensable mais qui renvoie une image négative qu’ils veulent changer. Le processus d’intégration industrielle augmenterait les ressources budgétaires des États, contribuerait à la sécurisation de territoires et réduirait les flux migratoires de l’immense continent dont la modernisation nécessiterait l’implication et l’énergie de sa jeunesse.

On peut transférer de la Chine à l’Afrique, une part de notre production industrielle

Seul un plan de régionalisation de production Europe Afrique, concret et structurant mais tenant compte aussi des nouveaux paramètres géoéconomiques et géopolitiques régionaux, pourrait réussir. Une implication financière de chacun des pays signataires qui souhaiteraient renforcer leur présence économique pour accroître leurs échanges avec l’Afrique dans le cadre du programme, s’avèrerait indispensable. Des entreprises originaires de ces États pourraient souvent bénéficier d’un accompagnement facilitant leur implantation (recrutement et formation, assistance juridique, fiscale et administrative, financements, études etc.) qui contribuerait aussi à une attractivité pour l’Afrique subsaharienne. Nous saurons bâtir les schémas industriels globaux au sein desquels elles pourront se projeter et qui les convaincront de déménager une part de leur production. Il conviendra de rechercher une complémentarité sectorielle pour constituer des écosystèmes performants et cohérents renforcés par des blockchains. Cette proximité permettra ainsi de réduire au sein de chaines de valeur mondiales (CVM), le transport de matières ou pièces.

Programme ciblé afin d’être efficient et aisément finançable 

Le coût de construction des bases industrielles dont accès routiers, ferroviaires, aéroportuaires ou portuaires, fourniture énergie, réseaux télécommunications, travaux de voirie, gestion des déchets mais aussi dispositifs de sécurité, habitations, écoles, centre médicaux et commerces indispensables, seraient éligibles au financement par les grandes institutions internationales et pays donateurs dans le cadre du développement de l’Afrique. Le montant dépensé pour chaque site industriel qui sortirait de terre tous les 2 ou 3 ans, avoisinerait 3/5 Mrds euros.

Dessein qui pourrait fédérer

Hors d’un cadre protecteur comme celui préconisé, une industrialisation de l’Afrique, ferait des dégâts environnementaux irréversibles. Il conviendrait donc d’éviter la construction désordonnée d’une multitude de zones industrielles sans cohérence d’ensemble. A l’opposé de politiques ou de propositions économiques, internationales ou locales, souvent creuses et sans lendemain mais qui sclérosent depuis 60 ans le développement de l’Afrique subsaharienne, le programme Africa Atlantic Axis pourrait au contraire être mis en œuvre prochainement, si toutefois les populations des pays africains les plus concernés le souhaitent. Les institutions financières internationales ne pourraient que s’associer à ce projet de progrès pour l’Afrique. De nombreuses entreprises occidentales qui songent depuis plusieurs années à quitter la Chine, accepteraient de s’investir dans ce grand dessein.

Collaboration indispensable des deux continents    

Le panafricanisme est souvent évoqué mais le temps de l’industrialisation est un temps très long. Rappelons que ce sont les transferts de technologies occidentales qui ont permis à la Chine de se développer considérablement en une vingtaine d’années. Les populations africaines qui peinent aujourd’hui à se nourrir, ne peuvent encore attendre un demi-siècle ou plus. Aussi convient-t-il d’être pragmatique. Il est assez peu probable que l’Afrique puisse prospérer en se privant de l’aide de l’Europe qui elle-même devrait s’appuyer sur l’Afrique pour générer à nouveau de la croissance. 

Un modèle éthique pour une industrialisation raisonnée

Production plus locale et baisse du volume de transport de biens, application en Afrique du Salaire Minimum Mondial de production, qui permettrait à des parents d’envoyer leurs enfants à l’école, davantage d’éducation et hausse du niveau de vie qui induiraient à terme une modération de la natalité et iraient dans le sens d’une fabrication plus durable ainsi que d’une réduction des émissions mondiales de gaz à effets de serre, tels pourraient être quelques-uns des avantages du modèle.   

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.    

Documentation

https://www.vie-publique.fr/en-bref/278145-ue-afrique-quel-partenariat-pour-2021

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2021-0017_FR.html

2financial afrikLa Chine est responsable de la pandémie de Covid-19 et devrait annuler la dette de l’Afrique

Chinafrique detteTribune de Francis Journot publiée le 18 janvier 2021 - La responsabilité, au moins morale, de la Chine dans la propagation de la pandémie du Covid-19 ne fait aucun doute ainsi que cela était déjà démontré en avril 2020 dans une tribune sur Le Figaro : «Nous devrons exiger de la Chine une réparation du préjudice subi». Le régime chinois a caché la vérité et permis la propagation d’un coronavirus qui aurait pu être éradiqué avant qu’il ne sorte de la ville de Wuhan et de la Chine. Selon la journaliste Joséphine Ma du journal de Hong Kong South China Morning Post qui a pu accéder à des documents gouvernementaux confidentiels: «Le premier cas confirmé de Covid-19 en Chine remonte au 17 novembre». Puis 9 patients étaient identifiés fin novembre 2019 et 27 à la mi-décembre 2019. Mais la dictature chinoise a préféré museler la presse et la parole médicale.  Dans l’article «La mort d’un médecin spécialiste du coronavirus provoque un tollé en Chine» publié le 7 février 2020 dans le New York Times, la journaliste Li Yuan décrivait la protestation en Chine après la mort du Docteur Wenliang, arrêté par le pouvoir chinois pour avoir lancé l’alerte fin décembre. Par ailleurs, CNN a dévoilé le 1er décembre 2020 un document confidentiel de 117 pages du Centre provincial de contrôle et de prévention des maladies du Hubei qui accable un peu plus Pékin.      

Le gouvernement de Pékin était certainement conscient du risque de pandémie mondiale 

Il est peu probable que Xi Jinping ait oublié l’épidémie de SRAS-CoV qui a tué 800 personnes en 2002/2003. Son mode de transmission interhumain, l’origine animale et le type de complication pulmonaire étaient proches. Bien que n’ignorant guère le caractère hautement contagieux du coronavirus et le risque de pandémie mondiale, Pékin a maintenu les préparatifs de la fête du Nouvel an chinois qui devait avoir lieu le 25 janvier avant d’être finalement annulée. Ces activités ont brassé une forte population et une carte interactive des déplacements dans la région de l’épicentre situé à Wuhan, publiée par le New York Times «How the Virus Got Out», nous indiquait que 7 millions de voyageurs ont quitté la ville avant le confinement ordonné le 23 janvier 2020. On ignore combien parmi eux ont ensuite propagé le virus chinois principalement en train à travers la Chine et en avion aux 4 coins du monde. Mais maintenant, le nombre officiel à l’échelle mondiale de décès directement causés par le Covid-19, atteint 2 millions auxquels il convient de rajouter les millions de malades qui succombent à des pathologies qui ne peuvent être soignées en raison de la saturation des hôpitaux. Cependant le gouvernement chinois préfère se réfugier dans le déni et n’accepte que plus d’un an après l’apparition du virus, d’accueillir une mission d’enquête de l’OMS.    

Quand le pompier pyromane distribue l’aumône

La distribution en Afrique de masques, produits médicaux ou sacs mortuaires et l’aumône, ici et là, de quelques millions d’euros, qui glorifient à grand renfort médiatique une prétendue générosité chinoise, ne sont pas  à la hauteur des drames et de la dégradation de l’économie africaine. Selon le rapport « Africa’s Pulse», la situation va s’aggraver «  La pandémie risque de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. ». L’avis du président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Akinwumi Adesina peut aussi inquiéter «l’Afrique a perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique ».

Une aide importante des institutions financières internationales pourrait s’avérer indispensable mais l’endettement important de certains pays d’Afrique auprès de la Chine et leur dépendance à Pékin, pourraient parfois compromettre ce recours. Aussi apparait-il indispensable que la Chine assume sa faute et efface au moins la dette qu’elle détient auprès de l’Afrique et qui constitue, si l’on en croit des experts, 40 % de l’endettement total africain soit environ 150 Mrds de dollars même si ce geste ne permettrait de compenser que très partiellement les dommages subis par le continent africain.

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.  

La tribune afrique 2Afrique subsaharienne : le capitalisme pourrait réussir là où l’aide au développement échoue depuis 60 ans 

Usine textile en ethiopie fabrication industrie travailleuses travail emploi main d oeuvre

Tribune de Francis JOURNOT publiée le 7 novembre 2020. En 2019, le montant de l'aide publique au développement de L’Afrique (APD) atteignait 37 Mrds USD dont 31 affectés à la zone subsaharienne  mais la misère pourrait demeurer.  Selon une étude de la Banque Mondiale en 2018, cette part de l’Afrique concentrait le quart de l’extrême pauvreté mondiale en 1990, la moitié en 2015 et les projections indiquaient 90 % pour 2030. Si l’on en croit le dernier rapport « Africa’s Pulse » dévoilé le 7 Octobre 2020, la situation pourrait s’envenimer « La pandémie risque de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. ». Le président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Akinwumi Adesina n’est pas plus optimiste « l’Afrique a perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique ». Diminution de budgets nationaux, fragilisation des régimes politiques et renforcement du terrorisme islamique, fuite vers l’UE d’une jeunesse africaine indispensable au développement du continent, pourraient compter parmi les conséquences.

Le débat autour du capitalisme et de l’aide au développement 

Dès le début des années 60, l’agronome René Dumont a douté de l’efficacité de l’APD, puis des économistes dont Jean-François Gabas en 1988 ou William Easterly en 2001 se sont aussi interrogés. Professeur à Harvard au cours des années 80 et 90, Jeffrey Sachs aurait enseigné que « Le développement à long terme ne serait possible qu'avec la participation du secteur privé et des solutions d'économie de marché ». Son ancienne élève, l’économiste Dambisa Moyo, écrivait dans son bestseller couronné par le New York Times en 2009 « l’aide fatale : Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique» : « Nous avons maintenant plus de 300 ans de preuves de ce qui fonctionne pour augmenter la croissance, réduire la pauvreté et la souffrance. Par exemple, nous savons que les pays qui financent le développement et créent des emplois grâce au commerce et à l'encouragement des investissements étrangers, prospèrent. » Des Chefs d’Etats partagent une part de l’analyse dont l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade qui déclarait en 2002 : « Les pays qui se sont développés ont tous embrassé le libre-marché». Néanmoins, dans son ouvrage publié en 2005 « La fin de la pauvreté », le professeur émérite Jeffrey Sachs maintenant conseiller du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, préconisait le doublement de l’APD dont son ex élève Dambisa Moyo dénonce précisément l’inefficience. Le sujet est complexe et personne n’a entièrement raison ou tort. Le débat qui promet de durer encore plusieurs décennies ne semble pouvoir remédier à la stagnation de l’Afrique. Il serait hasardeux de diminuer le montant d’APD en Afrique subsaharienne au moment où la pandémie de Covid-19 aggrave l’extrême pauvreté mais une transition graduelle vers une autre politique de développement pourrait se révéler pertinente.

L’économie informelle ne pourra jamais générer seule une croissance suffisante  

La somme consacrée à l’APD en Afrique depuis 1960 dépasse, selon l’économiste Zambienne Dambisa Moyo, 1000 Mrds USD. Mais les actions locales des ONG montrent leurs limites et la nouvelle politique d’APD prônée depuis 2017 par le FMI en faveur de l’emploi informel pourrait se révéler insuffisante en termes de diminution des inégalités et de croissance. L’hétérogénéité d’une économie informelle en Afrique subsaharienne qui génère 20 à 65 % du PIB des États, est à prendre en considération mais il conviendrait de mettre également en œuvre une stratégie plus globale afin de gagner la course contre un appauvrissement et une catastrophe humanitaire qui menacent. Après une augmentation du PIB subsaharien de 2.4 % enregistrée en 2019, le FMI prévoit un repli qui avoisinera de 3.2 % dans cette région africaine dont la croissance par habitant est déjà la plus faible au monde. Une transformation de l’économie subsaharienne qui procurerait davantage de postes souvent mieux rémunérés que ceux du secteur informel totalisant actuellement plus de 85 % des emplois, s’avèrerait impérative pour offrir de réelles perspectives économiques. Pour absorber un chômage qui impacte 40 à 45 % des 15/24 ans dans un contexte de démographie subsaharienne galopante et réduire une extrême pauvreté (moins de 1.90 $/jour) qui touche plus de 150 millions de travailleurs subsahariens parmi 450, il serait indispensable que la croissance du très faible PIB subsaharien de 1755 Mrds USD (2019), augmente considérablement. Un taux de croissance nécessaire de 7 % pour faire reculer significativement la pauvreté, a souvent été évoqué au cours des années passées mais compte tenu des facteurs aggravants et de paramètres alarmants, le taux minimum à atteindre ne devra pas être inférieur à 8 ou 9 % pendant de nombreuses années. 

Les emplois partis en Chine ne reviendront pas en Occident   

Le développement de la Chine est un cas d’école. La délocalisation de la production depuis 30 ans des biens de consommation occidentaux est à l’origine du miracle économique chinois et de ses taux de croissance à partir du début des années 90, rarement inferieurs à 9 % et souvent supérieurs à 12, 13 ou 14 %. Ces emplois ne reviendront évidemment pas dans des pays occidentaux dont les salaires sont plus élevés mais Il ne faut pas non plus transformer l’Afrique en nouvel atelier du monde. Il convient plus simplement d’initier l’évolution industrielle et économique qui favorisera sa marche vers l’autonomie et le progrès.

Alors comment faire décoller l’économie subsaharienne ?

La volonté de nombreux Chefs d’Etats de moderniser et d’industrialiser leurs pays constitue certainement un préalable primordial mais le manque de financements et d’infrastructures, le temps long de l’industrialisation à partir de bases productives ou commerciales insuffisantes ou inexistantes, le besoin de réactivité au sein de chaines de valeur mondiales (CVM) constituent autant de difficultés à surmonter. De plus, les fonds empruntés, atteindraient des sommets et le surendettement des États accentuerait la pauvreté. Un Plan de régionalisation de la production en zone Europe Afrique qui prônerait une voie plus efficiente pourrait se révéler indispensable. Car à l’heure de la mondialisation, l’Afrique ne pourra réussir qu’en travaillant davantage avec les grands marchés de consommateurs dont les entreprises implanteraient sur son sol la fabrication de produits ou d’étapes de CVM d’une industrie manufacturière des biens de consommation pourvoyeuse d’emploi et de richesse mais aujourd’hui surtout installée en Chine. L’expansion de cette dictature arrogante qui menace de nombreux pays, est dangereuse. Il est urgent de restaurer certains équilibres mais aussi d’en créer de nouveaux afin de préserver la paix et la démocratie dans le monde ainsi que cela est suggéré dans la tribune «Réduire notre dépendance à la Chine, c’est possible!» , pubiiée sur Le Figaro.

 Le début d'une période de "trente glorieuses" en Afrique   ?

Il serait utopique de viser une industrialisation simultanée de plusieurs dizaines de pays d’Afrique dont les capitaux nécessaires seraient introuvables (pour exemple, le plan d’électrification de l’Afrique porté par l’ancien ministre français Jean Louis Borloo qui réclamait un financement de 250/300 Mrds d’euros, a finalement été abandonné). Un premier plan d’une dizaine de milliards d’euros, étalé sur 3/5 ans mais d’abord concentré sur un périmètre déterminé s’avérerait pragmatique. Ce programme de développement de l’industrie africaine pourrait s’initier à partir de pays situés sur la façade atlantique ou proches de celle-ci. Cette situation géographique permettrait en outre de faciliter les échanges avec les deux grands marchés de consommateurs que sont l’UE et les USA. Les parcs d’activités modernes et sécurisés qui seraient financés par les institutions internationales et des pays souhaitant contribuer, accueilleraient les outils de production d’enseignes européennes, américaines ou non occidentales et souvent des PME locales. Citons la République démocratique du Congo (RDC) dont plusieurs critères objectifs pourraient motiver l’implantation d’un cluster industriel dédié à la fabrication d’éléments électroniques et à l’assemblage de produits numériques. Les processus d’intégration industrielle pourraient à terme, produire des écosystèmes complets et performants. L’industrialisation serait progressive mais de nombreux entrepreneurs et chômeurs issus d’autres États bénéficieraient rapidement d’opportunités au sein d’un maillage dense d’entreprises. Au fil des ans, la prospérité s’étendrait et profiterait au plus grand nombre. Ce changement de paradigme pourrait ainsi marquer le début d’une période de « Trente glorieuses » en Afrique.     

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

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Logofigaro 1 2 1Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible!Lome container terminal au togoLe Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 08 juin 2020 -  En s’appuyant d’avantage sur son marché régional, l’Europe est capable de réduire significativement sa dépendance à l’égard de l’industrie chinoise, estime Francis Journot.

Francis Journot est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il fait de la recherche en économie dans le cadre du projet International Convention for a Global Minimum Wage et propose un Plan de régionalisation de la production en zone Europe Afrique. Il tient le site Collectivité Nationale

Peu de risques de pénuries ou de fortes augmentations des prix

À la faveur d’une crise qui nous rappelle la fragilité de nos existences et d’un confinement qui nous a fait prendre conscience que l’on peut se priver deux mois durant de surconsommer, il apparaît certain que nous serions capables de survivre à une période de transfert de l’industrie chinoise. Certains produits pas toujours indispensables pourraient se raréfier mais rassurons-nous, la plupart des importations continueraient d’affluer car les entreprises et leurs actionnaires n’apprécient guère que les consommateurs désertent les boutiques. Chaque recherche de nouveaux sous-traitants obtiendrait à travers le monde, une multitude d’offres de services compétitives et des centaines de milliers d’ingénieurs voudraient participer à l’élaboration de processus de production. Quant au domaine vital de l’alimentaire, les pays européens sont peu tributaires du reste du monde. Aussi, il est peu certain que nous devrions craindre de réelles pénuries ou une augmentation importante des prix de nos biens de consommation mais nous pourrions en revanche, consommer moins mais mieux et nous réjouir de relocalisations qui sortiraient au fil des mois et des ans, des millions d’européens du chômage et de la pauvreté.

Un nouveau paradigme européen s’appuyant sur une régionalisation élargie de la production et des échanges incluant davantage l'Afrique

Augmentation des salaires et des coûts de fabrication dans les pays émergents ou en développement s’accompagnant d’une baisse des investissements directs, vols de technologies et contrefaçons, coût environnemental du transport et exigence du consommateur pour des produits plus locaux, nous assistons depuis plusieurs années à des phénomènes qui indiquent ou provoquent un recul de la mondialisation certes pas encore manifeste mais la crise du Covid-19 et la hausse du chômage pourraient accentuer une tendance à la régionalisation des échanges. L’Europe pourrait initier un nouveau paradigme européen de régionalisation des chaînes de valeur ou de production dans le cadre de l’UE ou d’une communauté économique moins politique si celle-ci disparaît. Mais la relocalisation d’activités en France ne serait guère aisée. Il faudrait s’exempter d’idéologies sclérosantes dont le postulat élitiste consistant à ne sélectionner que les secteurs dits stratégiques. Celui-ci a justifié la délocalisation d’autres activités et s’est avéré erroné. Les emplois manufacturiers généraient de nombreux emplois indirects et induits dont les cotisations et impôts, finançaient mieux les dépenses publiques, modéraient le coût du travail, permettaient de maintenir un meilleur niveau de formation technique qui profitait à l’ensemble des secteurs dont les plus stratégiques et participaient ainsi à un cercle économique vertueux.

La nouvelle conception des échanges ici proposée, diffère évidemment des préconisations peu réalistes d’autarcie et de fin de la mondialisation émises par l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg. Car au delà du slogan «made in France» et du thème de la réindustrialisation régulièrement exploités à des fins politiques par des personnalités en quête de publicité et d’électeurs mais souvent issus des partis de gouvernement dont les politiques économiques ont favorisé la désindustrialisation, subsiste la réalité du coût du travail mais aussi les écueils que représentent un syndicalisme dogmatique très politisé et les innombrables normes qui découragent les industriels. Les mécanismes de mutualisation et de péréquation du projet Collectivité Nationale seraient susceptibles de favoriser la création d’écosystèmes et d’emplois mais un assouplissement des traités et règlements européens ou nationaux qui alourdissent la gestion des entreprises françaises, serait également souhaitable.

De nombreux obstacles s’opposent à une relocalisation massive des emplois en France et même parfois en Europe  

Avec un marché riche de 500 millions de consommateurs, la croissance relocalisable en Europe est énorme. Les pays européens à plus bas coûts connaîtraient le plein emploi mais nous pourrions nous heurter dans d’autres pays à une inadéquation de l’offre d’emplois industriels pour des demandeurs de travail peu séduits par ces débouchés. En France la main d’œuvre qualifiée a quasiment disparu dans beaucoup de secteurs industriels mais aussi dans bon nombre de pays d’Europe. Le coût de formation pour chaque poste avoisinerait souvent 20/50 K€ majoritairement supporté par l’entreprise mais ne garantirait pas que les candidats effectueraient longtemps des travaux souvent jugés pénibles. Aujourd’hui des PME de l’industrie ne parviennent pas à former plus d’un ou deux demandeurs d’emploi par an. Il est peu certain que l’industrie européenne parvienne à recruter tous les effectifs nécessaires. Par ailleurs, le niveau des exportations pourrait s’éroder après quelques années. La Chine va encore réduire les importations pour faire face à un chômage susceptible de fragiliser le pouvoir et les USA montrent une volonté forte de relocalisation depuis 2017. Les entreprises occidentales implantées sur son sol lui ont apporté les technologies qui lui permettront de satisfaire tous les besoins de ses consommateurs. Aussi, de nouvelles perspectives extra-européennes seraient plus difficiles à trouver et chacun des pays européens tenterait de tirer la couverture à lui pour s’approprier les parts de marchés au sein de l’Europe ainsi que c’est déjà souvent le cas aujourd’hui. Le secteur du luxe continuerait à tirer son épingle du jeu mais on peut craindre que des secteurs de pointe confrontés à une concurrence croissante dont celle de la Chine, voient le nombre de commandes diminuer. On pourrait espérer l’émergence de leaders européens dans de nouveaux domaines mais cela prendrait du temps. La France et les pays d’Europe se féliciteraient néanmoins de la réduction des importations et d’une prospérité retrouvée dans bon nombre de secteurs. Mais après un regain d’activité et une baisse du chômage, l’économie pourrait tourner en rond et renouer avec des faibles taux de croissance et d’emploi.

Croissance atone et chomage dans l'UE, pauvreté et démographie galopante sur le continent voisin, nous sommes confrontés à de nombreux défis

Alors nous sommes en face de ces défis mais aussi de plusieurs autres pour lesquels nous devrons tôt ou tard tenter de trouver des solutions. Parmi ceux-ci, le phénomène de démographie galopante d’un continent à moins de 150 kilomètres des premières côtes européennes qui pourrait compter deux milliards et demi d’habitants en 2050. Une importante part de ceux-ci tenteraient de fuir la misère et la faim en migrant dans une Europe affaiblie et guère capable de proposer des conditions de vie meilleures. Cependant, les fondements de notre civilisation, politiques et économiques, culturels et religieux n’y survivraient pas. Le chaos social et sécuritaire qui pourrait s’installer pourrait précéder ou surpasser l’effondrement climatique que promettent des écologistes partisans d’une idéologie de la décroissance à laquelle n’adhèrent sans doute pas totalement nos amis africains qui peinent à se nourrir. Aussi peut-être pourrions-nous, afin de résoudre notre problématique de croissance au cours des années à venir mais aussi en même temps contribuer au recul de la pauvreté dans un continent proche qui connaît une démographie exponentielle, réfléchir à un modèle élargissant notre coopération avec celui-ci.

La Chine pervertit plus qu’elle n’enrichit le continent africain

Aujourd'hui, la Chine compte mettre la main sur cet énorme réservoir de matières premières. Mais elle pervertit plus qu’elle n’enrichit ce continent en le submergeant de produits low cost provenant d’Asie et précarise davantage ainsi des artisans ou des petites entreprises qui fabriquaient des produits locaux. Les usines créées appartiennent à des sociétés dépendantes de Pékin dont les contremaîtres chinois dirigent durement des ouvriers comptant parmi les plus mal payés au monde. Ces bas niveaux de rémunération permettent ainsi à la Chine d’inonder les pays occidentaux de produits bas de gamme sans que les peuples africains y trouvent leur compte en matière d’avancées sociales. Mais cette colonisation rampante de plus en plus mal vécue, suscite de l’amertume.

A terme, davantage d’autonomie industrielle

Il est indispensable que l’Afrique se dote des moyens d’assurer la subsistance de sa population tout en prenant garde de préserver sa faune et sa flore. De nombreux ingénieurs souhaitant un essor de l’Afrique et du Maghreb accueilleraient avec enthousiasme ce projet transcontinental de création de co-entreprises au sein de clusters sectoriels. Ces nouveaux outils de production qui s’intègreraient d’abord dans des chaines d’approvisionnement européennes, favoriseraient le développement économique des pays et auraient vocation à leur faciliter l’accès à davantage d’autonomie industrielle. Le coût de l’installation des usines serait assuré par les enseignes ou marques destinataires des productions. Les entreprises, organisées en collectifs, pourraient ainsi bénéficier d’une mutualisation des coûts mais aussi d’une modularisation des productions dans certains secteurs. Ces activités procureraient de nouvelles opportunités locales à de jeunes générations aujourd’hui tentées par l’immigration vers l’Europe. Des fonds jugés inefficients parmi ceux alloués aujourd’hui au développement et au soutien des pays, pourraient être réorientés vers la construction des infrastructures nécessaires qui profiteraient ainsi à tous car il semble plus pertinent d’investir en amont en créant de l’emploi et en générant une augmentation du niveau de vie local plutôt qu’agir continuellement en aval.

En effet, l’assistance certes bienveillante et souvent indispensable renvoie cependant une image que ce continent souhaite effacer pour changer la perception du monde et progresser. Des groupements de sociétés rentables et en croissance attireraient certainement des capitaux mondiaux qui abonderaient ensuite les nouveaux projets et accompagneraient l’expansion du modèle à travers le continent pour en faire peut être un nouvel eldorado.

On peut penser qu'une hausse du niveau de vie en Afrique encouragerait l'éducation des enfants, l'émancipation des femmes et à terme, une réduction de la natalité

Ce partenariat prolifique pour l’Afrique le serait aussi pour l’Europe qui a besoin de nouvelles perspectives. La mise en œuvre du projet réclamerait le concours de nombreuses sociétés expertes en engineering industriel, énergie, construction, numérique, formation dans les nombreux secteurs, ressources humaines etc… Le nombre de postes à cheval sur les deux continents serait considérable. La France a conservé des liens privilégiés avec la plupart des pays et aurait une carte importante à jouer. Subséquemment, le continent africain pourrait à terme constituer pour l’Europe, un nouveau relais de croissance qui comblerait un affaissement de la demande chinoise d’autant que celui-ci compte autant d’habitants que la Chine. Leur pouvoir d’achat n’est pas comparable mais souvenons-nous qu’à l’aube de ce millénaire, le PIB chinois par tête était semblable à celui de la plupart des pays africains qu’elle a aujourd’hui entrepris de coloniser. Il est difficile d’appréhender toute la dimension d’un tel projet de régionalisation tant les implications et possibilités sont multiples en termes d’emplois et de création de richesse. Les prévisions démographiques annoncent un doublement de la population africaine d’ici trente ans mais on peut penser qu’une hausse du niveau de vie encouragerait l’éducation des enfants, l’émancipation des femmes et à terme, une réduction de la natalité. Une augmentation raisonnable et évolutive des salaires mensuels de production variant aujourd’hui le plus souvent entre 35 et 200 euros, pourrait accélérer cette mutation sociologique.

Il serait donc possible de construire une alternative à la dépendance chinoise. Pourquoi se résoudre à un maintien de nos industries en Chine favorisant une hégémonie qui entravera nos libertés et nous exposera certainement tôt ou tard au risque d’une guerre mondiale alors qu’une régionalisation des échanges nous procurerait l’opportunité de consommer moins mais mieux sans pour autant, compte tenu de la concurrence internationale, faire flamber les prix et nous offrirait de surcroît, une dynamisation économique et la création de millions d’emplois au moment où le chômage fait des ravages en Europe tout en permettant au continent voisin d’accéder à davantage de progrès social.

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Le programme "Africa Atlantic Axis" (AAA)  

Africa Atlantic Axis (AAA) est le programme de développement de l’industrie africaine à partir de pays situés sur la façade atlantique ou disposant d’un accès portuaire proche comme la RD Congo bien que plutôt localisée en Afrique Centrale. Cette situation geographique faciliterait les échanges avec les deux grands marchés de consommateurs que sont l’UE et les Digital afriqueUSA. Financés au titre de l’aide au développement de l’Afrique par les institutions internationales et des pays volontaires, des parcs d’activités, modernes et sécurisés, accueilleraient les outils de production de grandes enseignes européennes, américaines ou non occidentales et souvent des PME locales. International et ouvert aux entreprises et investisseurs mondiaux, le programme n’est pas spécifiquement français, européen, américain ou africain. Non condescendant, il répondra à l’attente de jeunes générations africaines ambitieuses et impatientes. Une vingtaine de pays africains seraient d’abord concernés mais de nombreuses entreprises et demandeurs d’emploi originaires d’autres États verraient des opportunités s’offrir à eux au sein d’un maillage dense d’entreprises. Ce processus d’intégration industrielle permettrait à terme, de constituer des écosystèmes. Ce degré d’activité permettrait à des Etats africains de se doter des infrastructures vitales et de voir le niveau de vie augmenter considérablement. En offrant des perspectives d’avenir, le projet favoriserait aussi une stabilité régionale.  Africa Atlantic Axis (AAA) propose un plan de création de parcs sectoriels d’activités (électroménager, informatique, meubles, sports, jouets, textile-habillement etc…) qui serait susceptible d’accélérer considérablement le développement économique du continent africain tout en le préservant de la colonisation rampante de la Chine et de  ses importations. D’abord généralistes, les clusters se spécialiseraient ensuite au rythme du développement. Les zones d’activités satisferaient à des exigences sanitaires et environnementales précises. Une aide au recrutement local et à la formation ainsi qu'une assistance juridique, fiscale et administrative, faciliteraient l’installation des sociétés étrangères. Ainsi les enseignes souvent occidentales pourraient transférer plus sereinement en Afrique, la fabrication de produits auparavant fabriqués en Chine. De nombreux ingénieurs africains souvent expatriés mais souhaitant l’essor de l’Afrique, accueilleraient avec enthousiasme des propositions de création de coentreprises sous-traitantes. Celles-ci collaboreraient avec des marques internationales au sein de groupements ayant vocation à devenir des écosystèmes industriels complets et performants tout en initiant davantage d’indépendance industrielle africaine. Pour exemple, pourquoi continuer à fabriquer en Chine la plupart de nos smartphones, tablettes, ordinateurs ou autre produits technologiques, si l’on considère qu’une autre gestion de l’extraction et de la transformation des terres rares nécessaires à leur fabrication, est possible. La Chine dispose actuellement de son monopole mais ne détient néanmoins que 30 % des réserves sous son sol.

Le plan nécessite un provisionnement de 10 à 12 Mrds d’euros pour financer les infrastructures principales et périphériques des 3 à 5 premières zones d’activités qui abriteraient la production de grandes entreprises mondiales ou de sociétés plus modestes. Ces montants qui seraient alloués par les institutions internationales au titre du développement de l’Afrique, comprendraient le financement de la construction d’accès routiers, ferroviaires, aéroportuaires ou portuaires indispensables, la fourniture d’énergie, de réseaux de télécommunications, les travaux de voirie et la gestion des déchets, des lieux de vie, moyens de sécurité, habitations, écoles, centre médicaux, commerces etc... 1 ou 2 nouveaux clusters de dimensions variables pourraient voir le jour tous les 2 ou 3 ans. Beaucoup de consommateurs occidentaux souhaitent que davantage de produits soient fabriqués dans leurs pays respectifs mais ne souhaitent dépenser guère plus. Aussi, compte tenu de coûtsBourses doctorat de production occidentaux généralement inadaptés à une concurrence dictée par la mondialisation, les millions d’emplois de l’industrie manufacturière de biens de consommation partis en Chine ne reviendront pas en UE ou aux USA. Il est préférable, en s’appuyant sur des mécanismes de péréquation et de mutualisation des coûts, de préserver et de garder des entreprises avec un nombre même réduit d’emplois industriels en Europe et aux USA plutôt que de voir ce qu’il reste de l’industrie manufacturière disparaitre dans ces pays. Par ailleurs, la mise en œuvre des pôles de développement de filières industrielles réclamerait le recours à une multitude de sociétés de services européennes et américaines qui accompagneraient la mutation économique. Ces dernières offriraient de nombreux emplois très qualifiés. Ainsi le programme fondé sur l’efficience de mécanismes économiques et offrant des perspectives prometteuses de croissance, pourrait convaincre des secteurs d’activités de quitter le sol d’une dictature chinoise qui menace le monde, consacre ses capitaux à la prédation et à sa militarisation au détriment des chinois les plus pauvres. L’objectif n’est évidemment pas de transformer l’Afrique en nouvel atelier du monde mais surtout de favoriser la restauration ou la constitution de nouveaux équilibres économiques mondiaux qui contribueront à la paix et la démocratie. Des écologistes opposés aux centrales nucléaires ou à charbon ne pourraient que reconnaitre l’intérêt d’un modèle industriel soucieux de l’environnement dont l’énergie hydroélectrique assurerait la plus grande part de ses besoins en électricité. Nombreuses sont les entreprises qui réfléchissent aujourd’hui à une diminution de leur production dans une Chine dont l’image est très négative et accepteraient de relever, avec l’Afrique ce pragmatique défi de modernisation qui participerait aussi à la réparation de dégâts économiques sans précédent dans le monde. Sept. 28, 2020 by Francis Journot        

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Logofigaro 1 2Faut-il exclure la Chine de l'OMC ? Soldats chinois en uniformes de sportLe Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 28 mai 2020 - Le Covid-19 a rendu manifeste la progression économique et militaire de la Chine sur la scène internationale. Mais pour Francis Journot, tant que Pékin ne respectera pas les règles édictées par les institutions internationales, elle ne doit plus y siéger.

Francis Journot est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il fait de la recherche économique depuis 2013 dans le cadre du projet International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale. 

OMC, OMS ou Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a investi les institutions internationales mais s’est affranchie des règles qui les régissent. L’arrogante dictature auparavant plus adepte de «soft power», entend maintenant tenir tête au monde et le rapport de force semble s’être érigé au rang de principe cardinal de sa politique. On peut dès lors s’inquiéter de son influence économique et de sa puissance militaire croissante.

À la lumière d’une crise sanitaire et diplomatique révélatrice, la crainte déjà présente d’une Chine hostile et belliqueuse qui dominerait le monde et balaierait les démocraties, s’impose désormais avec davantage d’acuité. Aussi convient-il, pendant que cela est encore possible, de tempérer ses velléités d’impérialisme.

Duperie chinoise et angélisme occidental

La Chine, membre de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis 2001, n’est plus un pays en développement mais bénéficie toujours des avantages liés à ce statut. Elle demeure néanmoins une économie dirigée ainsi qu’un capitalisme d’État et n’est pas, à proprement parler, une économie de marché. Il aurait été plus pertinent de mettre fin à l’expérience en 2016, à la fin d’une période transitoire durant laquelle elle a impunément pillé des technologies occidentales et trop souvent enfreint les règles de l’OMC, au détriment de sa concurrence qui ne pouvait que difficilement rivaliser avec des entreprises et des productions fréquemment subventionnées par un État chinois interventionniste.

Par ailleurs, la dictature chinoise siège parmi les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et dispose donc d’un droit de veto. Ce privilège lui permettrait d’empêcher d’éventuelles sanctions à son encontre mais aussi de bloquer le cas échéant, une assignation de Xi Jinping devant la Cour pénale internationale dans le cadre de la gestion de la crise du Covid-19. L’exemple de la mainmise de la Chine sur l’OMS devrait nous alerter car son influence lui a permis de différer l’annonce de la pandémie. La présence et le pouvoir au sein de ces institutions, d’une dictature qui revendique un objectif de domination économique et militaire sur le monde, sont sans doute contre-nature et dangereux.

Le Parti Communiste chinois est un péril pour la liberté, la démocratie et la paix de l'humanité

Son refus d’assumer sa responsabilité dans une crise qui a tué plusieurs centaines de milliers de personnes et son mépris envers l’humanité peuvent faire craindre le pire. Ivre de puissance, Xi Jinping pense certainement que l’intimidation militaire pourrait lui permettre de dominer complètement un occident stupide et corrompu qui a échangé ses technologies et la suprématie de l’économie mondiale contre des morceaux de tissus et de plastique. Certains dirigeants semblent lui avoir fait allégeance mais cette stratégie n’est pas sans risques et pourrait entraîner à terme le monde vers une Troisième Guerre mondiale.

D’abord cantonnée à une fonction défensive, l’armée de la République populaire de Chine est devenue une force de conquête mondiale dont la montée en puissance laisse peu de place au doute quant à ses visées géostratégiques. L’implantation d’une base militaire navale à Djibouti sur la corne de l’Afrique et d’une forteresse dominant l’Océan Indien pouvant accueillir plusieurs gros navires de guerre et peut-être des porte-avions, nous le confirme. L’effectif devrait atteindre 10 000 hommes en 2026. La dictature chinoise n’ignore pas que la conquête du continent Africain et l’invasion économique à travers l’Europe, poétiquement baptisée «routes de la soie», pourraient engendrer des soulèvements de travailleurs sous-payés parfois maltraités qui pourraient rejeter une domination chinoise en Afrique ou de populations européennes bernées et appauvries. C’est pourquoi la Chine devrait souvent avoir recours à la menace et à la répression mais nul ne peut prévoir où s’arrêterait l’escalade de violence.

Les essais nucléaires en grande pompe médiatique sont une démonstration de force supplémentaire adressée au monde.

La Chine possède la deuxième armée derrière les USA mais au rythme auquel s’active son complexe militaro-industriel, premier du monde en nombre d’employés, celle-ci pourrait s’enorgueillir en une ou deux décennies, du titre de première puissance navale militaire. 2 porte-avions et d’autres en construction, un sous-marin supplémentaire chaque trimestre et un destroyer chaque mois rejoignent une flotte capable d’opérer sur toutes les mers, qui compte maintenant près de 700 bâtiments de combat.

Dans un article publié le 12 mai 2020 par le journal de Hong Kong South China Morning Post «La Chine lance son dernier missile nucléaire sous-marin et reçoit un prix scientifique» la Journaliste Liu Zhen commente les tests de missiles nucléaires JL3 qui ont une portée de 12 000 km et qui pourraient atteindre les USA à partir des côtes chinoises. Ils équiperont des sous-marins de nouvelle génération à partir de 2025. Les observateurs militaires chinois ont déclaré que les essais de missiles étaient une réponse à la stratégie de dissuasion du président américain Donald Trump visant la Chine. Mais personne ne peut croire que la Chine fabrique des missiles nucléaires par inimitié envers le président des USA. Les essais en grande pompe médiatique lors desquels les chercheurs ont reçus des prix scientifiques chinois parmi les plus prestigieux, sont une démonstration de force supplémentaire adressée au monde.

Un tel effort d'armement a rarement ou jamais été vu en temps de paix

Le budget de l’armée chinoise de 250 milliards de dollars en 2018, compte tenu de son augmentation constante (7,5 % en 2020) devrait avoisiner la moitié de celui des USA au cours des années à venir. Si l’on considère que ce budget militaire chinois qui profite d’une main d'oeuvre à plus bas coûts, permet de financer comparativement la fabrication d’un volume beaucoup plus important de matériels que les USA, il apparaît alors clairement qu’un tel effort d’armement a rarement ou jamais été vu en temps de paix d’autant que les inégalités sont grandes et que le chômage touchait déjà 22 % de la population active chinoise avant l’épidémie de Covid-19. Cette préparation effrénée à une mobilisation de l’armée nous rappelle immanquablement la période de réarmement de l’Allemagne nazie à partir de 1933 qui a précédé et tramé la Seconde Guerre mondiale.

Un géant aux pieds d’argile

Ce pays d’un milliard et demi d’habitants a bénéficié de la croissance procurée par les occidentaux et plusieurs centaines de millions de chinois ont ainsi pu sortir de la misère. L’objectivité impose de reconnaître que les entreprises et les consommateurs occidentaux ont bénéficié de coûts de production plus bas mais il faut en revanche admettre que ceux-ci ont payé le prix fort d’une concurrence déloyale avec la désindustrialisation, le chômage et la précarité, la désertification et le recul des service publics etc...

Mais les deux principaux marchés de consommateurs détiennent toujours les clefs d’un pouvoir économique sur la Chine. Ils sont responsables de cette situation et c’est à eux qu’il appartient de prendre les décisions susceptibles de freiner les folles ambitions d’une dictature communiste violente dirigée par un président mégalomane dont le parti unique lui permet de se maintenir au sommet probablement contre le gré de sa population. Une remise en question au plan international de la légitimité de Xi Jinping et de sa politique pourrait affaiblir l’autorité du Parti communiste chinois.

Les USA et l’UE doivent exiger l’éviction des institutions Internationales

Bien que soucieuse des intérêts de l’Allemagne, pays européen le plus dépendant de la Chine avec un volume d’échanges de 200 milliards en 2019, l’UE doit aussi faire la distinction entre diplomatie et soumission. Elle ne peut ignorer le danger de l’expansionnisme chinois et renvoyer dos à dos les USA et la Chine en arguant qu’il s’agit là d’une nouvelle Guerre froide entre deux grandes puissances qui ne la concerne guère. Car, ne nous trompons pas, le géant chinois ne nous épargnerait pas pour autant ensuite et chacun se souviendrait alors du manque de clairvoyance de l’UE.

Mais les prémices d’une guerre larvée, jalonnée de menaces à peine voilées contre l’UE et ses pays membres sont déjà là et cela devrait nous ouvrir les yeux. Pour exemples, Pékin a exigé que l’UE atténue la responsabilité chinoise dans le rapport à propos de la gestion du Covid-19 et tenté récemment d’empêcher un contrat de modernisation des frégates de Taiwan signé avec une entreprise française : «Nous exhortons à nouveau la France à respecter le principe d’une seule Chine et à annuler le projet de vente d’armes à Taiwan pour éviter de nuire aux relations sino-françaises.»

Il est indispensable qu'une entente historique entre la présidente de la Commission européenne et le president des USA s'instaure au plus vite

Il serait juste que la Chine participe au financement de la reconstruction économique mondiale. Aussi, le moins que puisse faire la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à l’égard des 27 pays membres qui déplorent une centaine de milliers de décès et une perte importante d’emplois, serait, conjointement avec le président des États-Unis Donald Trump, d’exiger de la Chine une réparation du préjudice subi par l‘ensemble des pays.

D’autre part, il est indéniable qu’une éviction de la Chine de l’OMC et du Conseil de sécurité de l’ONU, pourrait modérer cette puissance hors de contrôle et ainsi préserver pour longtemps le monde du danger d’une offensive militaire chinoise. Aussi serait-il indispensable qu’une entente historique entre la présidente de la Commission européenne et le président des USA s’instaure au plus vite afin d’en réclamer la mise en œuvre auprès des deux organisations internationales. Au cours d’un entretien fin avril 2020 avec Laure Mandeville, journaliste spécialiste des États-Unis au Figaro, le Secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires européennes Philip T. Reeker déclarait: «Face à la Chine, nous allons nous unir» . En voici maintenant l’occasion.

Alors certes, l’inclination de l’Union européenne pour une mondialisation et un libre-échange extrêmes peut faire douter d’un tel changement de politique mais si l’on pense que les populations n’accepteront pas en plus du chômage croissant, l’austérité qu’elle prévoit de leur imposer pour payer la catastrophe économique causée par la Chine, la Commission devrait comprendre qu’il lui faudra changer son logiciel idéologique avant de devoir affronter une colère qui provoquerait la fin de l’UE ou d’être confrontée à une guerre que sa politique permissive à l’égard de la Chine aura favorisée et dont elle serait hautement responsable.

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

Marianne logo 5Un salaire minimum mondial pour réduire les inégalités

Tribune de Francis JOURNOT  publiée sur Marianne le 16 mars 2020 Salaire minimum marianne

Afin de réduire les inégalités, le collectif «Patriotic Millionaires » propose une taxation des plus riches qui toutefois ne semble pas faire l'unanimité. Un projet de salaire minimum mondial raisonnable et intégrant les réalités économiques, pourrait-il convaincre  davantage ?   

Dans une lettre intitulée Millionnaires against pitchforks signée à Davos par 121 personnalités, le collectif « Patriotic Millionaires » exhorte ses amis millionnaires et milliardaires du monde entier, à exiger des impôts plus élevés et plus équitables afin de réduire des « inégalités extrêmes et déstabilisatrices ». L’initiative est généreuse mais il est peu certain que celle-ci permette seule de faire diminuer significativement la pauvreté et les effets négatifs de la production low-cost sur l’environnement. Par ailleurs, les appels à la responsabilisation, fussent-ils les plus sincères, sont rarement écoutés. Aussi devrions-nous tenter une autre approche pour atteindre ce but car la philanthropie recommandée est évidemment louable mais les travailleurs pauvres souhaitent pour leur part surtout un peu plus d’équité dans la rémunération de leur labeur.  

Le projet International Convention for a Global Minimum Wage, né  en 2013 et publié alors sur Marianne, pourrait apporter des solutions. Raisonnable et évolutif, il prône le pragmatisme et préconise de  réintroduire des équilibres en amont des mécanismes économiques. Celui-ci pourrait constituer aujourd’hui, l’unique voie pour, à la fois, réduire les inégalités dans le monde et les ravages de la surconsommation sur l’environnement. Ce salaire minimum mondial qui comporterait plusieurs niveaux pour la prise en compte des disparités économiques, pourrait être mis en œuvre dans la plupart des pays en moins de 7 ou 8 ans.

Premières tentatives      

Au lendemain de la première guerre mondiale, le salaire minimum mondial s’est érigé en priorité et fut l’un des premiers chantiers de l’OIT créée en 1919 sous l’égide du Traité de Versailles. Des chercheurs ont très certainement rapidement identifié les pistes évidentes de prime abord, d’un salaire minimum mondial basé sur une proportion du salaire ou du revenu médian de chaque pays (50 ou 60 % souvent cités) et du minimum vital (Living Wage) plus ou moins proche. Mais on peut penser que les économistes de l’OIT ont pris conscience de certains risques avant la convention de 1928. En effet, la prise en compte d’un salaire médian, élevé ou faible, dans le calcul d’un salaire minimum local, ne garantit pas qu’un Etat puisse être ensuite en capacité de faire face dans certains cas, à une augmentation de rémunération de ses fonctionnaires ou que le taux d’inflation que pourrait provoquer une généralisation du salaire minimum soit contenu et n’aggrave guère des situations de pauvreté. Le danger de générer des troubles et la faillite de certains Etats, a certainement tempéré les velléités de progrès social et incité à la prudence. Aussi la Convention concernant l'institution de méthodes de fixation des salaires minima, laissait champ libre aux États signataires: “Chaque Membre qui ratifie la présente convention a la liberté de déterminer les méthodes de fixation des salaires minima ainsi que les modalités de leur application“. 99 pays ont ratifié une convention qui n’a pas empêché les inégalités de croître. Le salaire minimum mondial n’a jamais vu le jour et sommeille depuis.

Echec du salaire minimum européen

L’idée d’un salaire minimum européen n’a pas été spécifiquement théorisée pour l’Union européenne par quelque émérite chercheur ou par un groupe d’élus, mais s’est simplement inspirée des travaux de  l’OIT. Ce projet politique a fait son apparition au cours des années 90 afin de valoriser l’Europe sociale chère à ses pères fondateurs mais se heurte depuis aux disparités structurelles des 27 pays de l’Union européenne. On peut néanmoins comprendre que les gouvernements des pays européens à plus bas coûts, à l’instar de leurs concurrents plus lointains, hésitent à augmenter les salaires et à s’exposer ainsi à une diminution de leur avantage compétitif. Aussi, est-il indispensable, dans le contexte de mondialisation, d’inclure cette problématique dans un processus plus large de salaire minimum mondial.

Un concept structuré de salaire minimum mondial s’appuyant sur des ressources financières concrètes 

Afin de convaincre les pays concernés, il conviendrait de proposer un projet clair, réaliste et économiquement structurant. Si l’on considère que la question du financement du salaire minimum mondial demeure pour les Etats l’un des principaux points d’achoppement, il faut nous résoudre à intervenir uniquement sur les salaires susceptibles de bénéficier de ressources le permettant soit d’abord ceux des travailleurs produisant des articles destinés à l’exportation. Pour exemple, une augmentation différenciée, progressive et programmée sur plusieurs années de salaires mensuels actuellement de 25 € en Ethiopie, 90 € au Bangladesh, 170 € au Vietnam ou 300 € en Bulgarie, n’impacterait le prix de vêtements vendus le plus souvent aux consommateurs européens ou américains, que de quelques dizaines de cents voire de quelques euros sur des pièces plus chères. Un calendrier s’appuyant sur des analyses complètes, préparerait les conditions qui permettraient ensuite la signature d’accords internationaux. L’UE et des institutions internationales pourraient partager leurs données ou collaborer plus largement à partir d’une méthodologie commune. Des partenariats avec des départements de recherche d’universités prestigieuses pourraient également permettre d’enrichir ces contenus. Le positionnement du curseur sur des objectifs de salaires minimums qui pourraient apparaitre peu ambitieux mais que peu de pays pourraient par conséquent refuser, ne serait certes pas de nature à changer instantanément les conditions de vie des 300 millions de travailleurs pauvres qui vivent avec moins de 1.7 euro par jour (source OIT) ou de ceux qui reçoivent à peine plus. En revanche, cette augmentation de rémunération qui toutefois, ne concernerait d’abord qu’une part des secteurs d’activité et des populations, sécuriserait cette mutation et permettrait surtout de mettre enfin sur les rails, un projet de salaire minimum mondial qui devrait compter 5 à 7 niveaux de compatibilité.

Un projet non idéologique 

Inégalités et « living wage » font partie des luttes ou sont des thèmes de prédilection d’ONG qui reçoivent chaque année une manne financière de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Mais les actions locales ne peuvent que très partiellement résoudre ces problématiques car l’économie mondialisée nous impose d’abord de réfléchir à une autre échelle. Les sujets du salaire minimum mondial et des inégalités sont hélas le plus souvent exploités à des fins politiques, idéologiques ou pécuniaires. Ils constituent pour des medias anglo-saxons ou français des contenus tendant à témoigner de leur humanité voire de leur engagement. Mais la publication contre-productive de propositions idéologiques et peu réalistes dont parfois le manichéisme n’a rien à envier au communisme, fournit des arguments aux détracteurs de cette cause ainsi décrédibilisée et immobilisée. Ces leaders d’opinions dont on peut regretter la légèreté en ce domaine, desservent finalement ceux qu’ils prétendent défendre.

Apres 7 ans ou 10 si l’on compte les travaux connexes précédents, le projet International Convention for a Global Minimum Wage, remarqué dès 2013 par des universitaires américains, bénéficie maintenant d’un réseau mondial de près de 7 000 experts pour la plupart vraisemblablement favorables au projet ou au moins à une réflexion sur les propositions émises. Ils sont majoritairement titulaires d’un doctorat d’économie ou de finance et plusieurs centaines d’entre eux souhaitent participer aux études. On trouve parmi ceux-ci, bon nombre de chercheurs et professeurs qui enseignent dans des universités américaines de l’Ivy League (Harvard, Yale, Columbia, Cornell…) ou à Stanford, Berkeley, au MIT et dans d’autres écoles prestigieuses à travers le monde mais aussi près de deux mille économistes travaillant dans des institutions internationales telles que l’ONU, l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI, le Forum Economique Mondial ou l’OIT ainsi que des dirigeants et  financiers de grandes entreprises, banques ou fonds d’investissement qui savent comme nous tous que l’accroissement des inégalités peut être dangereux.

Une offre de salaire minimum difficilement refusable   

Alors quel dirigeant de pays à bas coûts, intra ou extra européen, pourrait s’opposer publiquement à une convention offrant l’opportunité à ses concitoyens travaillant pour l’exportation vers les grands marchés de la consommation principalement occidentaux, de bénéficier graduellement de meilleures rémunérations et conditions de vie qui mécaniquement, s’étendraient au fil des années à l’ensemble des travailleurs et profiteraient ensuite à la population entière sans pour autant affecter sensiblement la compétitivité si les augmentations sont alors coordonnées à l’échelle mondiale. Compte tenu du caractère sectoriel, celles-ci ne feraient pas bondir l’inflation. Le pacte ne contraindrait pas non plus les gouvernements à augmenter leur dépense publique puisque le projet ne repose pas sur une utopique et soudaine majoration générale des salaires. Les ressources de l’environnement et l’habitat naturel seraient moins sollicités. Une génération tentée par l’immigration découvrirait de nouvelles opportunités et choisirait parfois de participer à l’expansion locale. La surnatalité aggrave l’insécurité alimentaire qui touche aujourd’hui près d’un milliard de personnes dans le monde. Aussi, les mesures favoriseraient souvent l'éducation des enfants, l'émancipation de femmes et à terme, une réduction de la natalité et de la pauvreté. Ainsi que  les signataires de la lettre  Millionnaires against pitchforks préviennent : « il faut agir avant qu’il ne soit trop tard ».  

Francis JOURNOT est l’initiateur du projet  International Convention for a Global Minimum Wage

Usine d’équipements 5G et centres R&D Huawei en France: une honteuse collaboration avec la Chine totalitaire    

HuaweiTribune de Francis Journot - Bras armé technologique du Parti communiste chinois, Huawei facilite la répression des opposants à la dictature sanguinaire. Ce groupe qui souhaite voir la Chine régner sur le monde, profite de la crise meurtrière pour installer sa 5G. Mais les USA, l’Australie, l’Inde et des pays d’Europe sont défavorables à un réseau contrôlé par ce géant chinois.  En juillet 2020, face à la réticence de l’UE, la Chine a menacé de s’en prendre à Ericsson et Nokia. On cherche en vain une cohérence lorsque le gouvernement français exige le retrait des antennes 4G Huawei d’ici 2028 mais en même temps approuve, en se félicitant au passage de l’attractivité de la France, le renforcement dans l’hexagone de la présence de cette société chinoise dont nul n’ignore les méthodes et objectifs.          

Le choix de lieux symboliques et stratégiques    

Huawei a choisi d’implanter son sixième centre de R&D de l’hexagone au 103 rue de grenelle à Paris. A cette adresse hautement symbolique, trône la célèbre Tour Chappe, siège du télégraphe inventé à la fin du XVIIIème siècle et vestige de l’ère pré numérique. Ce lieu demeura longtemps au centre des communications d’une France qui a fait autorité en ce domaine jusqu’au démantèlement de fleurons. Par ailleurs, la présence au cœur du quartier des ministères, entre l’Elysée et Matignon, d’une annexe du groupe né en 1988 au sein de l’armée populaire de libération chinoise, maintes fois accusé de dumping et d’espionnage, pose questions.  En effet, Huawei ressemble davantage à une émanation du PCC au service de son régime dictatorial et de ses ambitions hégémoniques ou militaires qu’à une entreprise réellement indépendante respectant les lois du marché et de la concurrence.

Le groupe chinois franchit encore une étape dans sa conquête des télécommunications européennes. Le 17 décembre 2020, Il faisait part de l’implantation en février 2021 d’une usine d’équipements 5G dans la ville de Brumat située à moins de vingt de kilomètres du parlement européen à Strasbourg. La vice-présidente d’Huawei Catherine Chen a annoncé le 26 janvier 2021 lors d’une conférence de presse au siège de la Région Grand Est que l’usine "pourrait produire la première station mobile courant 2023". On peut s’inquiéter d’une installation au milieu de l’une des plus fortes concentrations d’unités militaires françaises sensibles du pays dont certaines relevant de la Direction du renseignement militaire (DRM) et peu éloignée aussi du Quartier général du corps européen. Par ailleurs, après un bilan français dépassant maintenant 75 000 morts dues au Coronavirus dont la propagation hors de Chine aurait pu être évitée, le cynisme d’Huawei et l’indécence d’élus qui se prêtent à cette opération de communication guidée par Pékin, peuvent choquer. L’arrivée hostile d’Huawei sur les terres européennes de ses deux principaux concurrents Nokia et Ericsson, teste la faiblesse de  la France et de l’UE. Notre pays dénonce souvent la signature d’accords bilatéraux entre des pays de l’UE et la Chine qui veut ainsi diviser les 27 mais on voit maintenant au sein de l’hexagone, des élus régionaux séduits par une promesse d’emploi dont on peut douter de la sincérité, prêts à compromettre la sécurité nationale ou des intérêts européens. On peut aussi s’interroger à propos des conséquences de la signature en décembre 2020 de l’accord de principe relatif au Traité d’investissement UE-Chine car Huawei pourrait considérer que le marché européen de la 5G fait partie de la corbeille de mariage ou y verrait au moins la promesse d’un assouplissement de la position de l’UE. 

L’espionnage pratiqué par Huawei pour le compte du PCC est depuis longtemps une certitude     

Dans son rapport de 2011 « La cyberdéfense : un enjeu mondial, une priorité nationale »  l’ancien sénateur du Haut Rhin Jean Marie Bockel accusait déjà Huawei d’espionnage. Longtemps avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, un rapport du renseignement américain préconisait le bannissement industriel. Dans une tribune publiée dans le magazine l’express,  Jean Marie Bockel déclarait à propos de la conférence d’Huawei à Dubaï : « les représentants d'Huawei ont indiqué que, pour mieux assurer la sécurisation des flux de ses clients, Huawei "analysait" (grâce aux techniques dites de "deep packet inspection"), l'ensemble des flux de communications (courriers électroniques, conversations téléphoniques, etc.) qui transitaient par ses équipements.» puis concluait : « Si les représentants de l'entreprise voulaient démontrer avant tout les capacités de leurs "routeurs" en matière de détection de "logiciels malveillants", ils ont ainsi confirmé les capacités potentielles de ces " routeurs " à analyser, intercepter et extraire des données sensibles, voire à les altérer ou les détruire. ». L’année suivante, le groupe Huawei dépensait 3 millions d’euros en lobbying à Bruxelles pour tenter de faire oublier ces accusations d’espionnage.  

Une part importante de la technologie 5G est élaborée en France

Bien que prétendant être à l’origine de nombreuses innovations technologiques, la Chine se contente en réalité le plus souvent d’améliorer des technologies inventées par des entreprises surtout occidentales. L’Europe et les USA forment ses futures élites et lui fournissent les compétences intellectuelles de leurs chercheurs. Au cours d’une interview réalisée il y a plusieurs mois par Europe 1, Zhang Minggang, directeur général adjoint de Huawei, concédait qu’« une partie de la technologie 5G est élaborée en France. » L’entreprise a également récemment déclaré à propos de l’implantation à Brumath : « Avec cette usine implantée au carrefour de l’Europe, Huawei vient enrichir sa présence sur le continent déjà forte de 23 centres de R&D, de plus de 100 universités partenaires, de plus de 3100 fournisseurs et d’une chaîne d’approvisionnement performante ». Pour exemple, le quatrième centre Huawei de R&D en Ile de France, spécialisé dans la recherche fondamentale en calcul et mathématiques, profitera des ressources et expertises de l’Ecole Normale Supérieure Paris (ENS) , de l’Institut Henry Poincaré (IHP) de Sorbonne et du Collège de France au sein d’une région qui héberge 40 % de la recherche française en mathématiques et dans une France dont le nombre de médaillés Fields rivalise, en tête des classements, avec celui des USA.    

Généreuses subventions en R&D, mise à disposition des ressources d’universités et de milliers de chercheurs européens, il est peu certain que les contribuables des pays concernés soient heureux de financer l’avancée d’une 5G chinoise qui pour l’heure, favorise la surveillance du peuple chinois et permet ainsi le maintien au pouvoir d’une dictature meurtrière prompte à condamner aujourd’hui les récalcitrants, au camp de travail et à la mort mais qui pourrait bientôt aussi entamer les libertés et la démocratie dans le reste du monde. 

Alcatel-Lucent aurait pu renaitre de ses cendres

Compte tenu des atouts de notre pays, une volonté industrielle renforcée par des partenariats stratégiques et financiers, aurait pu permettre à l’ancien numéro un mondial des télécoms Alcatel-Lucent de renaitre de ses cendres mais Manuel Valls et Emmanuel Macron en avaient décidé autrement. En 2014, le premier ministre assurait au fondateur d’Huawei Ren Zhengfei et toujours membre du PCC, le soutien du gouvernement dans son projet d’implantation de quatre nouveaux centres de R&D (après Sophia Antipolis en 2013) et d’intensification de ses partenariats avec des entreprises de haute technologie, PME et start-up du secteur. Il offrait ainsi à la Chine l’opportunité de prendre une avance technologique dans le domaine de la 5G. En 2015, le ministre de l’économie adoubait la cession d’Alcatel à Nokia et enterrait ainsi définitivement toute ambition française en la matière.

Deux décennies d’aveuglement et de complaisance à l’égard de la Chine 

Dans notre article « L'emploi industriel? On dirait qu'ils s'en foutent...» publié début 2011 dans Marianne, nous écrivions déjà (Mouvement Rendez-nous notre industrie et association Vêtements made in France) que l’ancien premier ministre Jean Pierre Raffarin, fervent partisan de l’entrée de la Chine dans l’OMC et de la fin de quotas d’exportation chinois au début des années 2000, ne devrait pas ignorer que ce concurrent économique qui a maintenant broyé notre industrie avec la bénédiction des gouvernements, ne s’arrêtera pas en si bon chemin mais que nous n’étions sans doute pas tous prêts à voir la France devenir un pays vassal, même si les dirigeants Chinois pensent déjà que nous sommes un pays faible, prêt à lui obéir et à renier nos valeurs pour obtenir quelques contrats. Mais après le sénateur Raffarin, d’autres politiciens sont allés à Pékin pour proposer leurs services. Ainsi, nous avons dû combattre en 2014, deux projets pharaoniques dont l’un prévoyait déjà l’installation d’une usine Huawei : « Nouvelles villes chinoises en France : un scandale industriel annoncé ? ». Nous informions alors plus de 700 députés européens du danger que pourraient représenter pour l’Europe, des structures surtout dédiées à l’importation de biens finis ensuite étiquetés made in France ou Europe. Elles auraient pu causer la perte de millions d’emplois manufacturiers en Europe. Nous avions également saisi la Cour des Comptes à propos de financements disproportionnés de la collectivité et de l’origine parfois trouble de capitaux d’investisseurs.

Projets avortés d’"EuroSity" à Châteauroux dans l'Indre et de "TerraLorraine" en Moselle, concept fantaisiste d’usines de vêtements de luxe à Maubeuge pour lequel l’importateur Jian Chen promettait début 2020 d’investir 200 millions d’euros ou aujourd’hui centres R&D et usine Huawei près de  Strasbourg, les gouvernements successifs et des  élus locaux semblent vouloir ignorer la duplicité de Pékin depuis 20 ans et facilitent l’installation d’entreprises chinoises dans l’hexagone mais la France et d’autres pays de l’UE dont l’Allemagne, ne pourront pas toujours jouer sur les deux tableaux et il leur faudra choisir entre un avenir démocratique et le danger d’une hégémonie chinoise.  

Francis JOURNOT est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage. Il est l’initiateur des projets économiques Plan de régionalisation de production Europe Afrique, Africa Atlantic Axis et International Convention for a Global Minimum Wage    

Logofigaro 1 2Les USA et l’UE doivent exiger de la Chine une réparation du préjudice subi

Xi jinping 28 janvier 2020Le Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 23 avril  2020 - Malgré l’ampleur de la propagande chinoise, les Occidentaux doivent tirer au clair la responsabilité de la Chine dans la propagation du virus, estime Francis Journot. Il faudrait alors conclure un accord pour qu’elle contribue financièrement à la réparation de l’économie mondiale.   

Francis Journot est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il fait de la recherche en économie dans le cadre du projet International Convention for a Global Minimum Wage et du Plan de régionalisation de la production en zone Europe Afrique. Il tient le site Collectivité Nationale

On peut condamner beaucoup de décisions de dirigeants d’Etats dépassés par une crise à la fois sanitaire, financière et sociale sans précèdent ou leur reprocher d’avoir tardé à réagir. Mais à leur décharge, le régime chinois a menti et favorisé la propagation éclair d’un coronavirus qui aurait pu être éradiqué lorsqu’il ne touchait que quelques malades et n’aurait jamais dû sortir de la région de Wuhan et de Chine. Compte tenu de cette gestion criminelle, les USA et l’UE, ses principaux marchés de consommateurs, seraient fondés à exiger, ensemble, un montant global permettant de réparer au moins une part du préjudice mondial. 

Un comportement criminel envers la population chinoise et l’ensemble de l’humanité          

Censure de la parole médicale et de la presse pour dissimuler le danger de la contagion et le nombre de morts, la dictature chinoise a voulu éviter qu’un virus n’entache l’image de la Chine. Obsédé par son rêve de domination absolue de l’économie mondiale, Xi Jinping a délibérément mis ses concitoyens et l’humanité entière en danger. Dans l’article « La mort d'un médecin spécialiste du coronavirus provoque un tollé en Chine »  publié le 7 février 2020 dans le New York Times, la journaliste Li Yuan décrivait la vaste campagne de protestation en Chine après la mort du Docteur Wenliang, arrêté par les autorités chinoises pour avoir lancé l’alerte fin décembre. Elle notait que la machine de propagande du Parti communiste n’était pas parvenue à contrôler le déferlement de messages de chinois furieux.  

Selon l’enquête du 13 mars 2020 réalisée par Joséphine Ma du journal de Hong Kong South China Morning Post qui a eu accès à des documents gouvernementaux confidentiels « Le premier cas confirmé de Covid-19 en Chine remonte au 17 novembre ».  La journaliste n’exclut pas la possibilité d’un précédent cas avant mi-novembre.    

Xi Jinping ne pouvait avoir oublié l’épidémie de SRAS dont la gestion par son prédécesseur, fut également décriée. Ce coronavirus avait tué 800 personnes en 2002/2003. Son mode de transmission interhumain et le type de complication étaient proches mais aussi son origine attribuée à la chauve-souris qui l’aurait transmis à des mammifères vendus sur des marchés d’animaux vivants. Par ailleurs, les autorités n’ont pas appliqué la loi qui interdit depuis 2003, le commerce et la consommation d’animaux sauvages. Dans son article du 14 avril 2020 publié par le Washington Post, le chroniqueur Josh Rogin préfère pointer du doigt le laboratoire de Wuhan qui étudie les coronavirus de chauves-souris. Mais quel que soit le point de départ de l’épidémie, le chef d'Etat chinois a certainement été informé du caractère contagieux du coronavirus. Il était donc probablement conscient du risque de pandémie mortelle mondiale au moment où il était encore possible de juguler la propagation du virus qui n’affectait, selon les documents consultés par le South China Morning Post, que 9 patients en novembre et 27 à la mi-décembre 2019. Pourtant, celui-ci a préféré maintenir la fête du Nouvel an chinois qui devait avoir lieu le 25 janvier. Les préparatifs ont brassé une forte population et une carte interactive des déplacements dans la région de l’épicentre situé à Wuhan, publiée par le New York Times "How the Virus Got Out", nous indique que 7 millions de voyageurs ont quitté la ville avant le confinement ordonné le 23 janvier 2020. On ignore combien parmi eux ont ensuite propagé le virus chinois principalement en train à travers la Chine et en avion aux quatre coins du monde.  

Interrogée le 7 avril 2020 par la chaine de télévision TF1, la journaliste, sinologue et écrivaine Ursula Gauthier estimait que le nombre de décès dus au Covid-19 dans toute la Chine, officiellement de 3291, doit être multiplié par 30 soit au moins 97 000 et le chiffre de 81782 contaminés, multiplié par 15 soit 1.21 million. Lors d’un entretien accordé le 4 avril au journal régional Ouest France, la présidente de Solidarité Chine Marie Holzman, universitaire spécialiste de la Chine, expliquait que les informations qui filtrent au travers de la diaspora, citent un chiffre de 60 000 morts. Au moment où les USA et l’Italie paient le plus lourd tribut en termes de décès, Xi Jinping accuserait, selon l’association, des athlètes américains de passage en octobre à Wuhan ou des Italiens, d’avoir importé le virus.

Le pouvoir chinois nie sa responsabilité dans la mort de ces centaines de milliers de personnes et espère que les inversions et la manipulation de la vérité habituellement opérantes en Chine, fonctionneront aussi à l’extérieur. Alors le monde est pour l’heure sous le choc, plus occupé à se protéger, à sauver ses entreprises et ses emplois ou à enterrer ses morts mais la rancœur et l’hostilité envers Xi Jinping et la Chine pourraient ensuite se révéler vives. 

La dictature chinoise devra tôt ou tard présenter des excuses publiques pour calmer la colère des  familles de victimes décédées comprenant aussi beaucoup de citoyens chinois. Le nombre de décès a  certainement dépassé 300 000 (les USA, l’Italie, l’Espagne, la France et le royaume Uni enregistrent à eux-seuls 120 000 morts. Peut-être 100 000 en Chine et probablement plus de 100 000 dans les 180 autres pays qui regroupent 5.5 milliards d’habitants). Le chiffre pourrait rapidement grimper à un demi-million si l’on en croit les estimations inquiétantes concernant la propagation dans des pays peu équipés en matière sanitaire dont le moyen orient et l’Afrique.

Les proches des victimes pourraient former, au cours des mois à venir, une action collective pour homicides, qui pourrait amener des dirigeants chinois à s’expliquer devant une cour pénale internationale. Plusieurs grands cabinets d’avocats seront certainement sur les rangs pour organiser une «class action» internationale hors normes pouvant obtenir une condamnation au versement de plusieurs centaines de milliards d’euros de dommages et intérêts.

Une crise dont il est difficile d’appréhender le coût 

En France, l’augmentation de la dette de 59 %  (700 Mds d’euros) au cours des 6 années qui ont suivi la crise de 2008, l’affaiblissement de l’industrie et la prédation d’opérateurs étrangers, les fermetures d’entreprises, la perte d’un million emplois et de marchés abandonnés définitivement au profit d’autres pays dont la Chine qui a vu alors son PIB par tête augmenter de 60 %, nous démontrent que la dernière crise mondiale a couté à l’hexagone, selon les éléments et effets négatifs pris en compte pendant la décennie, l’équivalent de 70 % à près d’une année de PIB de 2008. On peut craindre, que le coût de la crise du Covid-19 soit encore plus élevé.

La Banque Centrale Européenne (BCE), dirigée par Christine Lagarde et les Etats semblent avoir pris la mesure de la gravité du nouveau drame. Cependant, bien que considérables, les sommes mobilisées pour soutenir les économies nationales, exprimées en pourcentages des PIB respectifs, qui atteignent 20% en Italie, 19% en Allemagne, 17% en Grande Bretagne et 15 % en France, pourraient ne pas suffire. On ignore combien de temps durera la crise et on ne parvient pas non plus à cerner le contour des ravages et implications. On peut craindre que de nombreux pays voient leur dette s’envoler et atteindre un niveau insupportable. Si des mesures d’austérité étaient ensuite instaurées afin de satisfaire au Traité de Maastricht qui recommande une limite de déficit public n’excédant pas 3% du PIB, pourraient alors s’ajouter à la crise sanitaire et économique, des troubles sociaux généralisés et ingérables qui précipiteraient l’explosion de l’UE.

Ursula Von der Leyen et Donald Trump doivent, ensemble, exiger de la Chine, une réparation au moins partielle du préjudice 

Faut-il, par crainte de l’affronter, ignorer la responsabilité de la Chine et choisir de faire payer les populations en leur recommandant de travailler plus ainsi que le préconisent certains responsables politiques qui ont déjà oublié le mouvement des gilets jaunes dans une France au bord de la révolution, qui par ailleurs, comptait bon nombre de soignants désormais applaudis. Même si le sujet d’une augmentation des impôts est pour l’instant évité, les peuples européens  ne sont pas dupes et savent qu’on leur présentera l’addition. L’antienne d’une vertueuse austérité ferait ensuite son retour.

Faire payer la Chine et sauver l’UE ou faire payer les européens et condamner l’UE à l’éclatement, telle est la question que devra maintenant se poser la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. En effet, la Commission européenne a compris qu’elle est à la croisée des chemins et sait qu’elle ne peut courir le risque suicidaire de provoquer, après le départ de la Grande Bretagne, le mécontentement qui précèderait un référendum en Italie, en Espagne ou en France car cela scellerait définitivement le destin de l’UE. Ursula Von der Leyen marche sur des œufs et a présenté les excuses de l’UE à l’Italie pour son impuissance à la secourir. Un récent sondage indiquait que près de la moitié des Italiens, pourtant auparavant plutôt europhiles, voterait maintenant pour une sortie de l’UE.

Si l’on pense qu’il sera difficile de soutenir longtemps l’économie et de financer sa reconstruction, il nous faut alors être pragmatique et mettre le géant asiatique à contribution. Celui-ci doit maintenant remplir un devoir à deux titres : Son entière responsabilité dans l’irruption de la crise actuelle mais aussi sa position hégémonique et abusive en matière industrielle acquise de façon discutable en s’appropriant hautes technologies et savoir-faire parfois en violation des droits internationaux et au détriment de ses concurrents. Cela lui a ainsi permis de monopoliser la croissance et de se placer au premier rang des pays riches en deux décennies.

Il serait donc juste que la Chine prenne sa part dans la réparation de l’économie mondiale. Cela pourrait revêtir la forme d’un compromis intervenant directement entre, d’une part, l’UE et les USA qui représenteraient aussi les intérêts des autres membres de la communauté internationale éligibles à une indemnisation au prorata de leur contraction économique et du préjudice subi et d’autre part, la Chine. Cet acte pourrait constituer un cadre opportun pour toutes les parties. D’abord pour les USA parce que les familles américaines endeuillées, au chômage ou ruinées attendent du président Donald Trump, à six mois de l’élection présidentielle, une condamnation de l’attitude du pouvoir chinois et la promesse d’une réparation financière. Ensuite, pour les instances européennes qui n’ignorent pas que l’existence de l’UE ne tient plus qu’à un fil et savent que les populations européennes qui, après avoir payé un lourd tribut humain, n’accepteraient pas de nouvelles contraintes budgétaires. Et enfin, pour la Chine car cet accord qui lui offrirait la possibilité de s’amender, serait susceptible de faire diminuer le ressentiment envers elle, des populations des 185 Etats touchés par le Covid-19. Xi Jinping doit renoncer à son rêve de domination mondiale et penser au peuple chinois car on peut deviner qu’en l’absence d’excuses aux familles des victimes et d’un geste d’apaisement tel que celui ici proposé, la présence de la Chine et la préservation de ses intérêts, mais surtout la sécurité de ses ressortissants, pourraient être remises en question dans de nombreux pays.  

Le virus de Wuhan pourrait coûter à l’ensemble des pays, si l’on se réfère aux précédentes expériences de crises, l’équivalent d’une année de PIB mondial (85 000 Mds d’euros en 2019) ou davantage si l’on partage l’analyse d’experts financiers qui évoquent une crise comparable à celle de 1929. Une évaluation précise du coût de la crise du Covid-19 ne pourra être réalisée qu’après 6/7 ans. Mais un versement de 15 000 Mds d’euros permettrait de commencer à réparer le préjudice. La Chine peut réunir ce montant car elle dispose de 4200 Mds de dollars de réserves de changes ou bons du trésor rapidement mobilisables, peut emprunter des capitaux et céder de grandes entreprises à forte valeur ajoutée, des droits de propriétés ou autres biens. Cette  contribution qui équivaudrait à une année de PIB chinois serait donc supportable et raisonnable parce qu’elle ne constituerait, si l’on retient une hypothèse de coût mondial de la crise (hors coût humain) de 70 000/100 000 Mds d’euros, qu’une faible part du montant du préjudice. Mais de nombreuses interrogations demeurent : subirons-nous  plusieurs vagues de Covid19 ? Vaccin ? Nombre de défaillances d’entreprises et taux de chômage ? 1 demi-milliard de nouveaux pauvres selon Oxfam, troubles politiques et sociaux  etc.) Une annuité de 3000 Mds d’euros pendant 8 ans assurerait une continuité dans la réparation des ravages économiques infligés au monde. Certes, ce niveau de participation au soutien de l’économie, se révèlerait sans doute insuffisant, mais il permettrait néanmoins d’atténuer la violence de cette crise. 

Francis JOURNOT est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique. Il fait de la recherche dans le cadre d’Africa Atlantic Axis et d’International Convention for a Global Minimum Wage.

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Industrie : les chinois à... Maubeuge, faut-il s'en inquiéter ?

Tribune de Francis JOURNOT  publiée sur Marianne le 31 janvier 2020 Maubeuge marianneAprès les projets pharaoniques avortés d’«EuroSity » à Châteauroux, dans l'Indre et de « TerraLorraine » en Moselle qui auraient pu s’apparenter à de véritables petites villes chinoises, une plateforme chinoise d’importation textile et maroquinerie de 150 000 m2 devrait bientôt s’implanter à Maubeuge.

Aujourd’hui, les ingrédients de la même recette sont réunis pour une troisième tentative d’implantation en France d’une zone d’importation de produits chinois qui seraient éventuellement labélisés « made in France » puis exportés vers les autres pays d’Europe ou à travers le monde : Une société ou un homme d’affaire chinois qui promet, avec la bénédiction de Pékin, un investissement de 150 ou 200 millions d’euros ainsi que la création de centaines d’emplois au milieu d’entrepôts s’étalant sur 15 hectares ou davantage et surtout, les indispensables élus locaux qui veulent y croire. Le Conseil municipal de Maubeuge a voté le 25 novembre 2019, un protocole d’accord pour le projet "Espace Vent Oriental".  

Jian Chen, PDG d’une importante entreprise chinoise d’import-export, s’est installé au Portugal dès la fin des années 80 pour débuter sa carrière d’importateur de produits chinois à destination de l’Europe. Aujourd’hui, son projet qui concerne les industries du textile et de la maroquinerie, prévoit la création de trente petits ateliers qui travailleraient chacun pour une marque différente avec une identité propre sur une parcelle de 15 hectares à  Maubeuge. L’investissement serait de 150 millions d’euros et 300 emplois devraient être créés.   

Quels produits, quel marché ?

L’homme d’affaires préconise des vêtements de qualité mais le maire de Maubeuge Arnaud Decagny a évoqué plutôt du haut de gamme et le député du Nord (LREM) Christophe Di Pompeo qui porte le projet depuis deux ans, a renchéri avec le terme de luxe lors d’un reportage diffusé sur TF1. L’ambition de créer une trentaine de marques spécifiques apparaît peu raisonnable lorsque l’on sait que l’élaboration de chaque univers spécifique nécessiterait de nombreuses années de travail et que le coût de création ou de relance d’une seule marque de luxe peut atteindre 200 millions d’euros. Cependant, l’étiquette «made in France» pourrait permettre de faire l’économie de ces investissements et suffirait peut-être à créer la valeur ajoutée souhaitée. 

Le dirigeant chinois a d’abord mis en avant l’importance du réseau de son entreprise AC Winexpo qui compte 15 000 magasins en Chine mais dans une interview sur Europe1, le maire de Maubeuge Arnaud Decagny qui connait probablement ses réelles intentions, nous livre une autre stratégie : une sorte de "de showroom chinois" serait installé et "à l’intérieur de ce projet, il y aura des ateliers de confection, pour créer ou finaliser les modèles." Et cet investisseur souhaite s'appuyer sur le savoir-faire français en matière de textile haut de gamme, pour distribuer ses produits partout en Europe.». Par ailleurs, l’édile qui n’ignore sans doute pas que la région ne dispose plus de ces savoir-faire, ajoutait pourtant : « L'intérêt, c’est que ce soit des locaux qui soient embauchés pour travailler dans ces ateliers".   

Un recrutement impossible de 300 couturières de confection « Haut de gamme »

En 2009, dans son rapport commandé par le ministère de l’industrie "Un plan pour la façon française", Clarisse Perrotti Reille prévenait : "La filière de la façon comptait 6 000 employés fin 2008 et perd jusqu'à 1 000 emplois par an." 10 ans plus tard, le salon professionnel du Made in France au Carreau du Temple ne compte parmi les 130 exposants qu’une trentaine de façonniers du tricotage et de la confection. La multiplication des marques Made in France observée lors du salon public MIF à la Porte de Versailles avec 225 stands consacrés à l’habillement, peut donner l’impression d’un dynamisme Industriel exceptionnel mais celles-ci s’appuient le plus souvent sur les ateliers existants et ne créent que rarement des emplois de production en interne. Un nombre réduit d’ateliers fournit la plupart des nouvelles marques « made in France ».  

Le gros des bataillons de couturières qui transmettaient les savoir-faire, est aujourd’hui à la retraite et la moitié de celles qui travaillent encore aujourd’hui, cesseront leur activité au cours des 8 prochaines années. Compte tenu de la croissance du secteur du luxe, Il est peu certain qu’il soit aisé de trouver sur le territoire français des couturières formées à la confection de haute façon, prêtes à quitter l’emploi qu’elles occupent chez des enseignes prestigieuses ou des entreprises de travail à façon pour rejoindre à Maubeuge, un encadrement chinois peu expert en ce domaine.   

Le recours à la formation maintenant envisagé par le Pôle emploi de Maubeuge peut sembler offrir une alternative mais à une époque déjà lointaine où de nombreuses écoles existaient, quand les gestes et les savoir-faire étaient patiemment transmis dans des centaines d’ateliers, la maitrise de l’ensemble des étapes de confection d’un vêtement de haute-façon exigeait de longues années d’apprentissage pour atteindre l’excellence. Aujourd’hui, certains de ces savoir-faire ont disparu. Pour exemple, celui de la fabrication d’un costume haut de gamme qui nécessitait cinq années de formation s’est évaporé avec la fermeture en 2007 de la dernière usine, située à Poix du Nord. Actuellement, des ateliers qui disposent encore de savoir-faire, peinent à recruter un effectif supplémentaire de quelques personnes. Il est certes possible de former rapidement plusieurs centaines d’employées qui apposeraient des étiquettes sur des sacs, renforceraient des coutures et des boutonnières de vêtements « Made in China » ou participeraient occasionnellement à la confection d’articles mais pourrait-on dès lors encore parler de fabrication française de bonne qualité, haut de gamme ou luxe.

Volume d’importation d’articles d’habillement et de maroquinerie 

Le projet d’origine qui prévoit un effectif de 300 couturières qualifiées installées dans 30 ateliers, ne nécessiterait qu’une superficie de 10 000 m2 et la production journalière  ne pourrait atteindre, selon la nature et la finition des produits, que quelques m3 ou dizaines de m3 d’articles haut de gamme ou luxe. On peut alors s’interroger à propos de l’acquisition d’une surface de 150 000 m2 soit plusieurs centaines de milliers de m3, susceptible d’accueillir le contenu d’une dizaine de milliers de containers pouvant déverser plus de 100 000 palettes de vêtements et maroquinerie. Mais si le projet s’oriente finalement vers un recrutement de centaines de couturières débutantes dont la tâche consisterait, à « finaliser» une cinquantaine ou une centaine de milliers de vêtements et de sacs chaque jour, on comprend mieux la nécessité d’une telle surface.  

Un danger pour les filières de la fabrication  française  

Un afflux sur le marché mondial, de dizaines de millions de sacs et vêtements provenant de Chine, estampillés ensuite « Made in France » et présentés comme des articles haut de gamme ou de luxe puis vendus à bas prix, désorienterait un peu plus les consommateurs. Cette concurrence déloyale envers les derniers façonniers et les enseignes qui fabriquent encore une part ou la totalité de leur production en France, pourrait déstabiliser un peu plus une filière de la haute façon déjà réduite comme peau de chagrin. Les conséquences d’une dévalorisation de l’image de savoir-faire français ne se limiteraient pas à un affaiblissement du leadership de la France en matière de mode. La réputation de l’ensemble des filières de la fabrication française en souffrirait et à terme, de nombreux emplois seraient fragilisés et des métiers pourraient encore disparaitre.

Quel bénéfice pour Maubeuge et la région ?

On peut douter que la culture chinoise du travail, les méthodes, les cadences et la productivité soient exportables et puissent séduire plusieurs centaines de maubeugeoises. Aussi, les dirigeants chinois devraient alors multiplier les demandes d’autorisation de visas de travail pour accueillir des compatriotes mais il leur faudrait probablement élargir leur recherche aux travailleurs des pays de l’est voire de la Turquie et du Maghreb ou d’ailleurs. Le bénéfice en termes d’emplois pour la région pourrait s’avérer minime mais en revanche le prix à payer pour les Maubeugeois pourrait être lourd. Le ballet de dizaines puis de centaines de camions et portes-containers polluerait considérablement l’agglomération. Mais peut-être faudrait-il aussi déplorer la dégradation de dizaines de kilomètres de voiries et routes dont l’entretien et les travaux de réparation seraient à la charge des contribuables de Maubeuge et du département. Un aménagement des routes d’accès et la construction d’infrastructures plus adaptées s’avèreraient rapidement indispensables mais la facture que la collectivité devrait acquitter, se chiffrerait alors en dizaines de millions et pourrait se révéler supérieure à l’investissement finalement consacré à l’installation d’entrepôts et de quelques locaux d’activité. 

Dans le cadre d’«EuroSity » à Châteauroux, dans l'Indre, l’agglomération de Châteauroux avait prévu d’investir 91 millions sur 15 ans en achat de terrains, voieries et rénovation. Le  département de l’Indre devait mobiliser 15 millions d’euros pour les routes d’accès mais la promesse d’un investissement chinois de 200 millions d’euros ne s’est jamais concrétisée. De même, le financement de 150 millions d’euros, destiné à la première phase du non moins pharaonique projet « TerraLorraine » n’est guère parvenu jusqu’en Moselle.

Francis Journot  sites  Vêtements made in France et  www.collectivite-nationale.fr   Précédents articles à propos d’«EuroSity » à Châteauroux et de « TerraLorraine » en Moselle: https://www.marianne.net/societe/nouvelles-villes-chinoises-en-france-un-scandale-industriel-annonce https://www.marianne.net/debattons/tribunes/nouvelles-villes-chinoises-en-france-deux-ans-plus-tard-ou-en-est-leur

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Pourquoi la confrontation entre les États-Unis et la Chine n’est pas une «nouvelle guerre froide»

Donald trump president des etats unis

Le Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 8 juillet 2020 - Selon Francis Journot, le duel sino-américain, ne s’organise pas autour de véritables blocs, comme autrefois le capitalisme et le communisme.

Francis Journot est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il fait de la recherche en économie dans le cadre du projet International Convention for a Global Minimum Wage et propose un Plan de régionalisation de la production en zone Europe Afrique. Il tient le site Collectivité Nationale

Depuis son accession au pouvoir en 2013, Xi jinping veut imposer le système politique chinois en tant qu’alternative au capitalisme et œuvre pour une bipolarisation du monde. Fin mai, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi enfonçait le clou en menaçant les États-Unis d’une «nouvelle guerre froide». Mais on peut penser que l’analogie avec l’expression inventée au lendemain de la deuxième guerre mondiale lors du conflit idéologique qui a opposé les États-Unis à l’URSS, est inappropriée.

L’imposture d’une guerre froide et le projet de suprématie mondiale de la Chine

Xi Jinping projetait dès le début de son mandat de défier les États-Unis. Il promettait devant le comité central «Nous devons nous préparer à une longue et rude période de compétition entre systèmes politiques» (propos extraits du livre Rouge vif de la sinologue Alice Ekman).

Mais la Chine n’est pas l’URSS et l’authenticité d’un discours capitaliste à Davos et communiste en Chine, s’avère très discutable. Par ailleurs, l’impérialisme chinois semble se diriger, si l’on se réfère par exemple à la répression violente des opposants ou au prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers politiques, vers une forme de fascisme à la chinoise. Cette cruauté pourrait rappeler celle de l’Allemagne nazie ou évoquer les actes de cannibalisme commis au nom de l’idéologie du communisme pendant la révolution culturelle chinoise. Il n’est guère aisé de définir précisément idéologiquement le système politique de la Chine opportuniste de Xi Jinping mais il convient peu, même si l’URSS n’incarnait pas un modèle enviable de démocratie, si tant est qu’elle en fût une, de l’assimiler à la doctrine d’Andreï Jdanov qui a théorisé la guerre froide. L’idéologue s’opposait au fascisme et vilipendait l’impérialisme américain. Sept décennies plus tard, la Chine commet des actes dignes des régimes fascistes les plus sanguinaires et son impérialisme constitue le plus grand péril pour les démocraties et l’humanité.

L’élection de Donald Trump, souhaitant réduire le déficit commercial proche de 400 milliards de dollars avec la Chine, a servi la stratégie du dictateur chinois.

L’élection à la tête des États-Unis en 2017 d’un président protectionniste souhaitant réduire le déficit commercial abyssal proche de 400 milliards de dollars avec la Chine, a servi la stratégie du dictateur chinois. Celui qui semble vouloir endosser le costume d’empereur du monde a saisi l’opportunité de se mettre en scène dans un face à face qui le place sur un même pied d’égalité que Donald Trump et lui permet ainsi de se targuer auprès de son peuple, d’affronter le dirigeant de la première puissance mondiale. Cette posture favorise son objectif de bipolarisation inspiré du manichéisme de la guerre froide du siècle dernier et relègue les autres pays du monde au deuxième plan. L’agressivité du Parti communiste chinois durant la crise du Covid-19 et la déclaration de son ministre des affaires étrangères, dictée par l’Assemblée nationale populaire chinoise, indiquent que la Chine estime avoir franchi une nouvelle étape. Celle-ci semble désormais ne plus se soucier de l’opinion de pays devenus à ses yeux trop faibles ou dépendants de son économie pour protester.

L’utilisation par Pékin de l’expression «nouvelle guerre froide» vise à faire oublier sa gestion de la crise du Covid-19 au moment où l’opinion mondiale plutôt hostile compte ses morts et considère maintenant majoritairement que l’expansionnisme chinois représente une menace économique et un grave danger. Mais le système politique que la Chine prétend vouloir faire partager pour le bien de tous diffère du modèle marxiste-léniniste de l’URSS politique. Ce dernier emportait l’adhésion d’un nombre important de populations et de pays à travers le monde. Quel peuple souhaiterait aujourd’hui se placer volontairement sous le joug de la Chine ou d’un régime similaire conseillé par celle-ci? Bien que son projet séduise peu, le géant chinois tente néanmoins de multiplier les alliances susceptibles d’augmenter son influence géostratégique. On peut certes comprendre que la Russie souhaite renforcer des liens économiques notamment sur le plan énergétique et participe à des manœuvres militaires conjointes mais on peut douter que celle-ci suive la Chine aveuglement. Dans son voisinage, la Chine semble dresser contre elle une majorité d’Etats comprenant l’inde. Après plusieurs semaines de tensions, le premier affrontement militaire meurtrier depuis 45 ans a eu lieu le 15 juin 2020 à la frontière des deux pays.

Le géant chinois tente de multiplier les alliances susceptibles d’augmenter son influence géostratégique.

Les imposants congrès chinois qui se drapent aujourd’hui d’idéologie, prônent «une destinée partagée pour l’humanité» et pourraient rappeler à certains égards, les grandes heures du communisme, mais la comparaison s’arrête là. L’assimilation du projet chinois à la foisonnante guerre d’idées qui a passionné durant un demi-siècle, semble présomptueuse. On assiste à une tentative de reproduction du conflit USA/URSS, mais on cherche en vain un goût pour la discussion démocratique ou une proximité philosophique de Xi Jinping et des dirigeants chinois avec les fameux bretteurs qui ont animé le débat majeur du XXème siècle autour de questions essentielles et de deux conceptions du monde.

Depuis les dissimulations à propos de la gestion chinoise de la crise sanitaire, la méfiance envers l’arrogant régime chinois s’est généralisée. Aussi, l’installation d’une prétendue «nouvelle guerre froide» à l’initiative de la Chine peut sembler très aventureuse. Certes, quelques pays dont ses alliés le Pakistan ou l’Iran, rêvent d’un monde post-occidental mais rares sont ceux qui préfèreraient le chaos ou le régime dictatorial prôné par la Chine à un système capitaliste qui demeure à ce jour globalement le plus fiable même s’il conviendrait d’en corriger les nombreuses dérives.

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