Il faut exclure la Chine de l'OMC et du Conseil de sécurité de l'ONU Le Figaro/Tribune par Francis Journot, publiée le 28 mai 2020 - Le Covid-19 a rendu manifeste la progression économique et militaire de la Chine sur la scène internationale. Mais pour l’entrepreneur Francis Journot, tant que Pékin ne respectera pas les règles édictées par les institutions internationales, elle ne doit plus y siéger.
Francis Journot est consultant, entrepreneur et ancien éditeur de presse professionnelle économique et sociale. Il fait de la recherche économique depuis 2013 dans le cadre du projet International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale.
OMC, OMS ou Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a investi les institutions internationales mais s’est affranchie des règles qui les régissent. L’arrogante dictature auparavant plus adepte de «soft power», entend maintenant tenir tête au monde et le rapport de force semble s’être érigé au rang de principe cardinal de sa politique. On peut dès lors s’inquiéter de son influence économique et de sa puissance militaire croissante.
À la lumière d’une crise sanitaire et diplomatique révélatrice, la crainte déjà présente d’une Chine hostile et belliqueuse qui dominerait le monde et balaierait les démocraties, s’impose désormais avec davantage d’acuité. Aussi convient-il, pendant que cela est encore possible, de tempérer ses velléités d’impérialisme.
Duperie chinoise et angélisme occidental
La Chine, membre de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis 2001, n’est plus un pays en développement mais bénéficie toujours des avantages liés à ce statut. Elle demeure néanmoins une économie dirigée ainsi qu’un capitalisme d’État et n’est pas, à proprement parler, une économie de marché. Il aurait été plus pertinent de mettre fin à l’expérience en 2016, à la fin d’une période transitoire durant laquelle elle a impunément pillé des technologies occidentales et trop souvent enfreint les règles de l’OMC, au détriment de sa concurrence qui ne pouvait que difficilement rivaliser avec des entreprises et des productions fréquemment subventionnées par un État chinois interventionniste.
Par ailleurs, la dictature chinoise siège parmi les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et dispose donc d’un droit de veto. Ce privilège lui permettrait d’empêcher d’éventuelles sanctions à son encontre mais aussi de bloquer le cas échéant, une assignation de Xi Jinping devant la Cour pénale internationale dans le cadre de la gestion de la crise du Covid-19. L’exemple de la mainmise de la Chine sur l’OMS devrait nous alerter car son influence lui a permis de différer l’annonce de la pandémie. La présence et le pouvoir au sein de ces institutions, d’une dictature qui revendique un objectif de domination économique et militaire sur le monde, sont sans doute contre-nature et dangereux.
Le Parti Communiste chinois est un péril pour la liberté, la démocratie et la paix de l'humanité
Son refus d’assumer sa responsabilité dans une crise qui a tué plusieurs centaines de milliers de personnes et son mépris envers l’humanité peuvent faire craindre le pire. Ivre de puissance, Xi Jinping pense certainement que l’intimidation militaire pourrait lui permettre de dominer complètement un occident stupide et corrompu qui a échangé ses technologies et la suprématie de l’économie mondiale contre des morceaux de tissus et de plastique. Certains dirigeants semblent lui avoir fait allégeance mais cette stratégie n’est pas sans risques et pourrait entraîner à terme le monde vers une Troisième Guerre mondiale.
D’abord cantonnée à une fonction défensive, l’armée de la République populaire de Chine est devenue une force de conquête mondiale dont la montée en puissance laisse peu de place au doute quant à ses visées géostratégiques. L’implantation d’une base militaire navale à Djibouti sur la corne de l’Afrique et d’une forteresse dominant l’Océan Indien pouvant accueillir plusieurs gros navires de guerre et peut-être des porte-avions, nous le confirme. L’effectif devrait atteindre 10 000 hommes en 2026. La dictature chinoise n’ignore pas que la conquête du continent Africain et l’invasion économique à travers l’Europe, poétiquement baptisée «routes de la soie», pourraient engendrer des soulèvements de travailleurs sous-payés parfois maltraités qui pourraient rejeter une domination chinoise en Afrique ou de populations européennes bernées et appauvries. C’est pourquoi la Chine devrait souvent avoir recours à la menace et à la répression mais nul ne peut prévoir où s’arrêterait l’escalade de violence.
Les essais nucléaires en grande pompe médiatique sont une démonstration de force supplémentaire adressée au monde.
La Chine possède la deuxième armée derrière les USA mais au rythme auquel s’active son complexe militaro-industriel, premier du monde en nombre d’employés, celle-ci pourrait s’enorgueillir en une ou deux décennies, du titre de première puissance navale militaire. 2 porte-avions et d’autres en construction, un sous-marin supplémentaire chaque trimestre et un destroyer chaque mois rejoignent une flotte capable d’opérer sur toutes les mers, qui compte maintenant près de 700 bâtiments de combat.
Dans un article publié le 12 mai 2020 par le journal de Hong Kong South China Morning Post «La Chine lance son dernier missile nucléaire sous-marin et reçoit un prix scientifique» la Journaliste Liu Zhen commente les tests de missiles nucléaires JL3 qui ont une portée de 12 000 km et qui pourraient atteindre les USA à partir des côtes chinoises. Ils équiperont des sous-marins de nouvelle génération à partir de 2025. Les observateurs militaires chinois ont déclaré que les essais de missiles étaient une réponse à la stratégie de dissuasion du président américain Donald Trump visant la Chine. Mais personne ne peut croire que la Chine fabrique des missiles nucléaires par inimitié envers le président des USA. Les essais en grande pompe médiatique lors desquels les chercheurs ont reçus des prix scientifiques chinois parmi les plus prestigieux, sont une démonstration de force supplémentaire adressée au monde.
Un tel effort d'armement a rarement ou jamais été vu en temps de paix
Le budget de l’armée chinoise de 250 milliards de dollars en 2018, compte tenu de son augmentation constante (7,5 % en 2020) devrait avoisiner la moitié de celui des USA au cours des années à venir. Si l’on considère que ce budget militaire chinois qui profite d’une main d'oeuvre à plus bas coûts, permet de financer comparativement la fabrication d’un volume beaucoup plus important de matériels que les USA, il apparaît alors clairement qu’un tel effort d’armement a rarement ou jamais été vu en temps de paix d’autant que les inégalités sont grandes et que le chômage touchait déjà 22 % de la population active chinoise avant l’épidémie de Covid-19. Cette préparation effrénée à une mobilisation de l’armée nous rappelle immanquablement la période de réarmement de l’Allemagne nazie à partir de 1933 qui a précédé et tramé la Seconde Guerre mondiale.
Un géant aux pieds d’argile
Ce pays d’un milliard et demi d’habitants a bénéficié de la croissance procurée par les occidentaux et plusieurs centaines de millions de chinois ont ainsi pu sortir de la misère. L’objectivité impose de reconnaître que les entreprises et les consommateurs occidentaux ont bénéficié de coûts de production plus bas mais il faut en revanche admettre que ceux-ci ont payé le prix fort d’une concurrence déloyale avec la désindustrialisation, le chômage et la précarité, la désertification et le recul des service publics etc...
Mais les deux principaux marchés de consommateurs détiennent toujours les clefs d’un pouvoir économique sur la Chine. Ils sont responsables de cette situation et c’est à eux qu’il appartient de prendre les décisions susceptibles de freiner les folles ambitions d’une dictature communiste violente dirigée par un président mégalomane dont le parti unique lui permet de se maintenir au sommet probablement contre le gré de sa population. Une remise en question au plan international de la légitimité de Xi Jinping et de sa politique pourrait affaiblir l’autorité du Parti communiste chinois.
Les USA et l’UE doivent exiger l’éviction des institutions Internationales
Bien que soucieuse des intérêts de l’Allemagne, pays européen le plus dépendant de la Chine avec un volume d’échanges de 200 milliards en 2019, l’UE doit aussi faire la distinction entre diplomatie et soumission. Elle ne peut ignorer le danger de l’expansionnisme chinois et renvoyer dos à dos les USA et la Chine en arguant qu’il s’agit là d’une nouvelle Guerre froide entre deux grandes puissances qui ne la concerne guère. Car, ne nous trompons pas, le géant chinois ne nous épargnerait pas pour autant ensuite et chacun se souviendrait alors du manque de clairvoyance de l’UE.
Mais les prémices d’une guerre larvée, jalonnée de menaces à peine voilées contre l’UE et ses pays membres sont déjà là et cela devrait nous ouvrir les yeux. Pour exemples, Pékin a exigé que l’UE atténue la responsabilité chinoise dans le rapport à propos de la gestion du Covid-19 et tenté récemment d’empêcher un contrat de modernisation des frégates de Taiwan signé avec une entreprise française : «Nous exhortons à nouveau la France à respecter le principe d’une seule Chine et à annuler le projet de vente d’armes à Taiwan pour éviter de nuire aux relations sino-françaises.»
Il est indispensable qu'une entente historique entre la présidente de la Commission européenne et le president des USA s'instaure au plus vite
Il serait juste que la Chine participe au financement de la reconstruction économique mondiale. Aussi, le moins que puisse faire la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à l’égard des 27 pays membres qui déplorent une centaine de milliers de décès et une perte importante d’emplois, serait, conjointement avec le président des États-Unis Donald Trump, d’exiger de la Chine une réparation du préjudice subi par l‘ensemble des pays.
D’autre part, il est indéniable qu’une éviction de la Chine de l’OMC et du Conseil de sécurité de l’ONU, pourrait modérer cette puissance hors de contrôle et ainsi préserver pour longtemps le monde du danger d’une offensive militaire chinoise. Aussi serait-il indispensable qu’une entente historique entre la présidente de la Commission européenne et le président des USA s’instaure au plus vite afin d’en réclamer la mise en œuvre auprès des deux organisations internationales. Au cours d’un entretien fin avril 2020 avec Laure Mandeville, journaliste spécialiste des États-Unis au Figaro, le Secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires européennes Philip T. Reeker déclarait: «Face à la Chine, nous allons nous unir» . En voici maintenant l’occasion.
Alors certes, l’inclination de l’Union européenne pour une mondialisation et un libre-échange extrêmes peut faire douter d’un tel changement de politique mais si l’on pense que les populations n’accepteront pas en plus du chômage croissant, l’austérité qu’elle prévoit de leur imposer pour payer la catastrophe économique causée par la Chine, la Commission devrait comprendre qu’il lui faudra changer son logiciel idéologique avant de devoir affronter une colère qui provoquerait la fin de l’UE ou d’être confrontée à une guerre que sa politique permissive à l’égard de la Chine aura favorisée et dont elle serait hautement responsable.